Dans quel état va sortir la cote de confiance d’Angela Merkel après les négociations pour former la coalition Jamaïque? À l’heure où nous mettions sous presse, les représentants des partis conservateurs CSU-CDU, les écolos et les libéraux étaient toujours en conclave.
Les nerfs des participants étaient mis à rude épreuve. Ils avaient promis une décision à 18 h dimanche. Raté. Les difficultés pour constituer cette coalition, la première du genre avec cette configuration, n’est que le prolongement du choc des dernières élections législatives.
Ou devrait-on dire plutôt des chocs : le parti de la chancelière avait remporté les élections, mais il avait fait le pire score depuis… 1949, et l’AfD avait obtenu près de 12,6 % des voix, devenant ainsi le troisième parti du Bundestag. Le parti populiste avait surfé sur le sentiment anti-demandeur d’asile durant la campagne et mis en cause bruyamment la décision d’Angela Merkel d’ouvrir la porte à un million de réfugiés.
Le retour d’un parti d’extrême droite au Bundestag a provoqué un séisme dans la société allemande. Un traumatisme qui n’est pas encore effacé et qui laisse augurer des heures sombres outre-Moselle.
Après sa «victoire» aux élections législatives, Angela Merkel a donc tenté l’originalité contrainte et forcée. Le SPD, ancien membre de la coalition, a trop perdu de voix lors du vote et a décidé de siéger dans l’opposition, laissant le soin à la chancelière de se débrouiller avec la coalition hétéroclite jamaïcaine.
Quel cadeau de départ! En cas d’échec, les Allemands devraient être rappelés aux urnes pour un nouveau scrutin. Inutile de dire qu’Angela Merkel, qui commence à être de plus en plus critiquée au sein même de son camp, risque bien de perdre des plumes, voire le leadership dans cette nouvelle bataille.
Mais, même en cas d’accord au forceps, sa position ne sera-t-elle pas déjà fragilisée et quelles concessions devra faire la chancelière? L’Europe n’avait en tout cas pas besoin de cette situation. Cette incertitude et cette fragilité politique en Allemagne risquent de contaminer tout le continent.
Laurent Duraisin