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La fièvre acheteuse

Alibaba, l’Amazon chinois, a pulvérisé son record de ventes en ligne en écoulant en une seule journée plus de 25 milliards de dollars de marchandises, soit près de huit millions de dollars par seconde.

Ces chiffres à faire tourner la tête confirment que les Chinois sont entrés de plain-pied dans le monde de la consommation, mètre étalon du capitalisme. Mieux encore, Alibaba a réussi à transformer la date du 11 novembre en une fête de la consommation en désignant ce jour, pourtant anodin, comme étant la «fête des célibataires», l’équivalent du «Black Friday» anglo-saxon ou encore des braderies européennes.

Bien entendu, afin de pouvoir comparer ce qui est comparable, il faudrait faire le ratio entre le nombre de clients occidentaux d’Amazon et le nombre de clients d’Alibaba pour vraiment savoir si les camarades de l’empire du Milieu ont cédé à la fièvre de l’achat compulsif en ligne.

Pourtant un tel record pousse à s’interroger sur la Chine. Peut-on encore vraiment affirmer que la Chine est communiste? Difficile de le dire. Certains diront même que c’est la preuve que le communisme est une idéologie complètement compatible avec le capitalisme. Ou bien est-ce simplement la preuve que même dans un système communiste, qui théoriquement met chaque individu sur un pied d’égalité, l’argent arrive à tordre les grands principes de Marx.

En effet, les inégalités sociales, qui vont de pair avec une accumulation des richesses, commencent de plus en plus à apparaître en Chine où des camarades s’appauvrissent pendant que d’autres deviennent millionnaires en quelques clics sur la toile.

Pourtant il ne faut pas être naïf, le gouvernement chinois sait très bien ce qu’il fait et ne voit pas le désir de consommation de son peuple comme un danger, mais plutôt comme un moyen de pression dans un monde globalisé.

Car si la Chine est «l’usine du monde», en développant le désir de consommation sur son marché national, elle devient de moins en moins dépendante des «commandes» du reste de la planète, pouvant à terme s’offrir le luxe de choisir ses clients et imposer ses conditions.

Jérémy Zabatta