Des milliers de migrants venus d’Amérique centrale sont bloqués au pied du mur situé à la frontière américano-mexicaine à Tijuana. Pour eux, le voyage a débuté le 13 octobre dernier. Depuis le Honduras, une caravane de migrants s’est formée et a traversé pays, collines et fleuves pour arriver enfin devant l’Eldorado : la Californie et la ville de San Diego toute proche. Depuis lundi, ils sont environ 5 000 à être présents dans la ville mexicaine de Tijuana. L’accueil des habitants est bon… pour l’instant. Lundi, environ 500 de ces migrants se sont rués sur le mur et ses barbelés pour tenter de passer aux États-Unis. Les autorités américaines ont répliqué par des gaz lacrymogènes et 48 clandestins ayant franchi la ligne ont été arrêtés. De leur côté, les Mexicains ont expulsé une centaine de ces migrants trop remuants, pour l’essentiel venant du Honduras. Ce coup de force de la caravane a provoqué la fermeture totale de la frontière américano-mexicaine sur ordre du président Trump. Cette fermeture a été brève, mais les commerçants mexicains de Tijuana n’ont pas caché leur colère. Et ils regardent maintenant d’une autre façon ces migrants qui sèment le trouble dans le secteur et les empêchent de faire tourner leur boutique.
C’est aujourd’hui le statu quo dans Tijuana connue pour être la deuxième ville la plus violente au monde. Cette commune frontalière menant à la Californie est une plaque tournante du trafic de drogue et du trafic d’êtres humains. Les cartels présents ne tarderont pas à prendre en main tous ces migrants prêts à franchir la frontière. Ces proies faciles venues d’Amérique centrale risquent de payer cher, dans tous les sens du terme, leur folle aventure. Cela laisse aussi imaginer ce qu’ils ont pu laisser derrière eux pour ne pas avoir peur d’entreprendre ce très dangereux voyage. Ils sont aujourd’hui seuls : les États-Unis ne veulent pas d’eux et le Mexique n’est pas prêt à les aider pour ne pas froisser son puissant voisin. Mais ces migrants n’ont plus rien à perdre et ce n’est pas l’illusion d’un mur courant sur toute une frontière qui les arrêtera.
Laurent Duraisin