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Web Summit : les appels à démanteler les géants du web se multiplient


Le Web summit 2019, qui démarre ce lundi, va faire la part belle aux lanceurs d'alerte et autres personnalités reconnues dans la lutte contre la toute-puissance des géants du web (Photo : AFP).

Réinventer la monnaie, la voiture, la médecine ou le logement: les géants du numérique comme les plus jeunes startup vont rivaliser d’idées lors du Web Summit qui débute lundi à Lisbonne, mais les interventions les plus attendues cette année seront surtout politiques.

L’édition 2019 du grand raout européen de la tech doit rassembler, comme l’année dernière, 70 000 participants. Ils échangeront leurs idées en marge de centaines de conférences consacrées aux nouvelles mobilités, aux applications médicales et à la robotique, en passant par les cryptomonnaies, la publicité et les médias ou encore la conquête spatiale.

Mais cette année, les nouvelles technologies sont aussi devenues l’enjeu de la guerre commerciale sino-américaine, et elles sont accusées de menacer le pouvoir monétaire, et donc la souveraineté des États, ou encore d’entraîner la radicalisation des opinions publiques.

« la tech est devenue hyper politique »

Parallèlement, les appels à taxer et à réguler, voire démanteler, les géants du secteur se sont multipliés. En somme, « la tech est devenue hyper politique », déclare l’Irlandais Paddy Cosgrave, fondateur et patron du Web Summit. « Il est inévitable que ces questions, qui dominent les unes des journaux du monde entier, soient au premier plan d’un événement de l’ampleur du Web Summit ». Les stars du sommet ne seront pas cette fois des inventeurs géniaux, même désillusionnés, mais des lanceurs d’alerte et des régulateurs.

Les débats doivent s’ouvrir lundi soir avec une intervention par vidéo conférence depuis la Russie d’Edward Snowden, ex-employé de l’agence américaine de renseignement NSA. Il vient de publier un livre dans lequel il raconte les raisons qui l’avaient poussé à transmettre en 2013 des dizaines de milliers de documents secrets à plusieurs médias, et à révéler l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications et d’internet. L’ouvrage est un succès dans toute l’Europe.

Vestager en guest star

Jeudi, la Commissaire européenne Margrethe Vestager, qui avait défendu l’an dernier à Lisbonne une taxation des géants de l’économie numérique à l’échelle continentale, aura le mot de la fin. « Margrethe Vestager est incroyablement populaire (..) car elle essaye de créer des conditions équitables pour les innovateurs, en particulier en Europe », affirme M. Cosgrave. Il la décrit comme « la personne la plus importante de la tech ». Connue pour son intransigeance envers les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), auxquels elle a imposé plusieurs lourdes amendes, la Danoise a été reconduite cette année dans ses fonctions de Commissaire à la Concurrence. Elle a même pris du galon en obtenant aussi le portefeuille du Numérique et le poste de vice-présidente de la Commission.

Mme Vestager s’exprimera juste après Michael Kratsios, l’homme en charge de la politique technologique à la Maison Blanche. L’Américain fera entendre la voix de l’administration Trump, à la fois critique des Gafa mais hostile à leur démantèlement ou aux projets visant à taxer plus lourdement leurs profits à l’étranger. Le sujet marquera également l’intervention de Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE. Il doit présenter les travaux de l’organisation pour aboutir en 2020 à un projet de taxation des géants du numérique et des multinationales. Brittany Kaiser, une ancienne responsable repentie de la société Cambridge Analytica, au coeur du scandale d’utilisation des données Facebook pour la campagne de Donald Trump en 2016, viendra pour sa part mettre en garde contre les risques de l’exploitation des données personnelles des internautes à l’approche de la prochaine échéance présidentielle aux États-Unis. Autre point chaud au confluent de l’économie numérique et de la politique internationale, Huawei a envoyé son dirigeant Guo Ping chercher l’appui du monde de la tech, alors que le géant chinois des télécoms a été banni par les Etats-Unis, qui l’accusent d’espionnage.

AFP