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Voitures autonomes : une start-up sud-coréenne s’attaque aux géants


A ce jour, les véhicules de RideFlux n'ont parcouru que 10 000 kilomètres en six mois. La route est encore longue. (photo AFP)

Dans un atelier qui fait office à la fois de siège social et de garage, une vingtaine de Sud-Coréens ont un objectif : développer une voiture autonome capable de concurrencer les géants du secteur comme Uber, Tesla et Alphabet, maison mère de Google.

Convaincus par le projet de cette start-up, RideFlux, des ingénieurs ont abandonné leur emploi au sein des plus prestigieuses entreprises du pays pour se lancer dans cette aventure. Leur voiture, une Ioniq (Hyundai) modifiée et truffée de caméras et de capteurs, est le premier véhicule autonome à circuler sur les routes du pays.

Depuis deux semaines, elle fait la navette entre l’aéroport de l’île touristique de Jeju et la société de location de voitures SoCar. Cet itinéraire comprend des difficultés, notamment un demi-tour, onze passages piétons sans oublier l’intense trafic autour de l’aéroport. Pour Park Jung-hee, titulaire d’un doctorat du prestigieux MIT en génie mécanique, qui a fondé cette société dont il est le PDG, ce trajet est « idéal » pour développer et améliorer les systèmes d’intelligence artificielle. Des journalistes sont montés à bord de cette voiture et ont ainsi vu un chauffeur de taxi klaxonner le véhicule électrique qui respectait trop scrupuleusement à son goût la limitation de vitesse. Et c’est en toute sécurité que le véhicule sans conducteur a changé de voie et doublé un autre véhicule. Dans l’atelier, un écran géant retransmet en temps réel son trajet.

Du chemin à parcourir

A l’heure actuelle, la loi sud-coréenne oblige un conducteur à s’asseoir derrière le volant de cette voiture autonome afin d’être prêt à intervenir en cas de besoin. Mais Park Jung-hee, 35 ans, entend passer au plus vite à la vitesse supérieure. D’ici la fin de l’année, il envisage de proposer un service de covoiturage avec trois voitures autonomes qui pourraient parcourir les 400 kilomètres de routes principales de l’île de Jeju, au sud de la péninsule coréenne. Un conducteur demeurerait cependant présent, pour des raisons de sécurité. « Notre objectif est que nos voitures autonomes circulent sans chauffeur dans toute l’île de Jeju d’ici cinq ans », affirme le PDG.

La société qui a investi dans RideFlux est SoCar, une application de location de voitures implantée en Corée du Sud, l’un des rares pays où, pour des raisons légales, Uber a été contraint de renoncer à s’implanter. Pour SoCar, pas de doute, la conduite automatisée sera « au cœur de nos activités futures ». Mais pour ces nouveaux venus, le chemin à parcourir demeure long.

La sécurité prioritaire

Au cours des cinq dernières années, les grands constructeurs automobiles, les magnats de la technologie ainsi que les start-up ont investi quelque 50 milliards de dollars (44,60 milliards d’euros) dans le développement des technologies de conduite autonome, selon l’observateur du marché Research and Markets. Les sociétés de la Silicon Valley ont pris de l’avance. Ainsi, Waymo, filiale d’Alphabet, née en 2016 dans un laboratoire de Google, a déjà parcouru plus de 32 millions de kilomètres sur les routes de 25 villes des États-Unis. Après plus de trois ans de tests avec un humain, appelé « safety driver », sur le siège conducteur pour prendre le contrôle en cas d’urgence, elle propose désormais dans l’Arizona un service sans assistance humaine à bord.

A ce jour, les véhicules de RideFlux n’ont parcouru que 10 000 kilomètres en six mois. « Nous devons collecter et accumuler autant de données que possible », a expliqué Park Jung-hee, rappelant que l’imprudence des conducteurs est chaque année, à travers la planète, à l’origine de plus d’un million de morts sur les routes.

LQ/AFP