Les vendanges se poursuivent dans l’allégresse sur la Moselle. Lundi, la coopérative a même envoyé 497 000 kg de raisin au pressoir, «du jamais vu!».
L’année dernière, Fernand Etgen avait reçu avec compassion les soupirs des vignerons qui avaient vécu une année difficile, notamment à cause des gelées tardives qui avaient grillé entre un quart et un tiers de la récolte. L’année qui précédait avait également été délicate, cette fois à cause d’un mildiou déchaîné. On ne refera pas le topo des années précédentes, mais les six derniers millésimes ont été assez décevants au niveau des quantités récoltées. En somme, il aura fallu qu’il attende la dernière année de son (premier?) mandat de ministre pour que Fernand Etgen rencontre enfin des vignerons parfaitement heureux!
«On ne jette aucun raisin à terre»
Josy Gloden, le président de Vinsmoselle, évoquait devant lui et ses collègues «une année exceptionnelle». Et il suffit de se promener entre les ceps pour en avoir la confirmation, l’état sanitaire des vignes est impeccable : «C’est simple, on ne jette aucun raisin par terre, on est gâté.» Et si, fin août, on pouvait craindre que les quantités soient un poil décevantes puisque les grains étaient menus, les quelques pluies qui sont arrivées depuis ont permis aux raisins de prendre de l’eau et de faire du jus. Quand on vous dit que tout va pour le mieux!
Lundi, Vinsmoselle a même établi un nouveau record : «Nous avons pressé 497 000 kg de raisin, du rivaner, de l’auxerrois, du chardonnay et du pinot gris!, s’enthousiasme le directeur technique de la coopérative, Bernd Karl. C’est du jamais vu! La première fois que l’on travaille une telle quantité sur une journée.» Près d’un demi-million de kilos, à l’échelle du Grand-Duché, c’est effectivement spectaculaire. «Tous ces raisins mûrs en même temps, c’est énorme, mais on peut le gérer», se félicite Josy Gloden. Il a tout de même fallu que les pressoirs fonctionnent jusqu’à minuit pour clôturer la journée… mais les employés ont dû les laver dans la foulée pour que les premiers raisins qui arrivaient quelques heures plus tard trouvent des installations parfaitement propres.
Noria ininterrompue de tracteurs
Pour tenir ce rythme, l’organisation doit être au cordeau car le lendemain et les jours qui ont suivi, c’était encore une noria ininterrompue de tracteurs qui allaient et venaient à la cave de Wellenstein. Dans les remorques, les grappes fraîchement coupées sont entreposées dans des bacs standardisés. La première étape est la prise de leur taux de sucre. L’affaire est primordiale puisque le résultat détermine le montant d’une prime : plus les degrés Oechsle sont élevés, plus le viticulteur reçoit de l’argent. À la sortie de cette première station, une étiquette indiquant le taux de sucre, le cépage, la destination des raisins (cru, crémant…) est apposée sur chaque bac.
Le tracteur file ensuite jusqu’aux pressoirs. Selon le cépage, il est orienté vers l’une des trois portes. Lorsque le monte-charge s’empare des bacs, il les pèse automatiquement. Le balai est parfaitement réglé par le chef caviste qui doit être partout, il ne faut pas perdre de temps : plus le raisin est pressé tôt après avoir été vendangé et plus le moût sera de qualité.
Pour la coopérative comme pour toutes les maisons du pays, cette année tombe à pic pour refaire des stocks. Les petites récoltes des années passées ont au moins un avantage, celui de laisser aujourd’hui de la place dans la cuverie! Financièrement, la coopérative devra sortir le chéquier puisque les vignerons ont beaucoup de raisins, qui plus est avec des taux de sucre élevés : ils toucheront donc davantage d’argent que les années précédentes. «Mais ça, c’est un problème qui nous convient : gérer beaucoup de raisin de bonne qualité, c’est tout ce que nous demandons!», sourit Josy Gloden. Il n’y a plus qu’à bien le vendre pour que la boucle soit bouclée!
Et Fernand Etgen pouvait s’en aller avec un nouvel acquis : non, les vignerons ne râlent pas tout le temps!
Erwan Nonet