Une start-up messine a mis au point un drone « unique au monde »

Eznov, une start-up messine, a développé de A à Z un drone «unique au monde». Avec son allure de raie manta, Ez-Manta possède une intelligence de vol qui lui permet de se mouvoir en complète autonomie, grâce à un algorithme automatisé et intégré.

À Sorbey, en pleine campagne messine, au-dessus du terrain agricole d’Amandine Pelletier, Thomas Legrand, ingénieur-concepteur, peaufine ses paramétrages. « On n’arrête pas de l’améliorer .» Tout devait être impeccable pour la présentation officielle, mardi dernier à Metz-Blida. « Après trois ans de développement, on est prêt à vendre », assure Éric Laurent, PDG de la start-up Eznov.

Au-dessus du champ, les conditions météo ne sont pas au top. « C’est sport d’essayer avec le vent d’aujourd’hui », admet Thomas Legrand. Ez-Manta, son bébé pensé de A à Z, demeure stable pourtant et atterrit en douceur. « On vend de la simplicité , répète à l’envi Éric Laurent. Pas de câbles, pas de télécommande. Rien. L’algorithme automatisé est intégré au drone. » La mission se planifie à partir d’une application smartphone. Le téléphone s’insère ensuite dans le drone. « Ça n’est pas le téléphone qui pilote , poursuit Éric Laurent. Il prend les photos et comme le drone est toujours stabilisé, qu’il suit les déclivités, les photos sont d’excellente qualité. »

«La simplicité, c’est la complexité extrême»

La jeune pousse affirme sans mollir que Ez-Manta est un drone « unique au monde », avec une technologie avancée et différenciée. « Tous les drones du marché ont une technologie standard  : contrôleur de vol et assistant électronique. » Eznov est allé à l’inverse du marché. « On a développé une intelligence de vol. Trois moteurs orientables, indépendants et mobiles. » La coque en polypropylène expansé, réalisée dans une PME vosgienne, et sa forme en raie manta ont été pensées et dessinées localement avec des ailes mobiles, comme un avion, pour garantir l’équilibre. « Notre credo, c’est  : achetez et utilisez .» Plug & Play, comme on dit.

De quoi attaquer de nouveaux marchés. « Ça n’est pas simple de diriger un drone. Mais avec notre machine, si la loi impose toujours un brevet de pilotage, les compétences ne sont plus nécessaires. Beaucoup de professions, effrayées par la technicité, peuvent être intéressées. »

Éric Laurent pense aux artisans-couvreurs ou d’autres métiers qui pourraient offrir des services supplémentaires à leurs activités. « Notre drone est pensé pour faire de la cartographie. Mais après, on peut adapter une nacelle, développer à la carte en fonction des demandes. »

L’armée, les Eaux & Forêts, un Monégasque, prestataire de services, semblent déjà intéressés par la technologie. Avec quatre salariés, Amandine Pelletier, au marketing, Florian Gérard, ingénieur système embarqué, Thomas Legrand et Éric Laurent, Eznov est désormais en phase opérationnelle. « Le concept, avec Thomas, on l’imaginait déjà il y a dix ans , se souvient Éric Laurent. À l’époque, on commençait à peine à parler de drones. » Le duo s’est lancé dans l’aventure il y a trois ans. « Fallait être un peu naïf. Faire de la recherche en partant de zéro, pas facile! La simplicité d’utilisation, c’est la complexité extrême. On est prêt. Deux brevets ont été déposés sur toute l’Europe et les États-Unis. »

Laurence Schmittt (Le Républicain lorrain)