Menacée d’une crise humanitaire imminente due à l’afflux de réfugiés, la Grèce a franchi lundi une étape clé dans les négociations avec ses créanciers qui ont promis d’examiner bientôt un allègement de sa dette.
«Nous avons eu une très bonne réunion», a résumé le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, après une réunion à Bruxelles des 19 grands argentiers de la zone euro. Depuis un mois, les négociations butaient entre la Grèce et ses créanciers -la Commission européenne, le FMI, la BCE et le fonds de soutien de la zone euro (MES)-, avant tout sur l’effort budgétaire à accomplir par ce pays et sur la réforme des retraites.
Et les chefs de mission des créanciers qui avaient fait une apparition à Athènes début février tardaient à y retourner. La situation s’est débloquée à Bruxelles, alors que se tenait au même moment un grand sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE avec la Turquie pour trouver des solutions à la crise des réfugiés, dans laquelle Athènes se trouve, de part sa position géographique, en première ligne.
«Je suis heureux qu’un accord ait été atteint pour que les chefs de mission reviennent à Athènes dès demain (mardi)» afin de poursuivre leur audit des réformes réalisées par le gouvernement grec, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Et M. Tsakalotos de se féliciter de son côté: «les institutions ont accepté de revenir. Le FMI a aussi accepté de revenir en dépit de différends». L’Union européenne et la Banque centrale européenne avaient octroyé à la Grèce un troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros l’été dernier, en échange de nouvelles mesures d’austérité pour juguler le déficit budgétaire et la dette.
«Promesse de longue date»
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) exige, pour s’y associer, plus d’effort sur les retraites et un accord de la zone euro sur un allègement de la dette grecque. Jeudi dernier, il avait encore appelé les Européens au «réalisme» sur l’aide à la Grèce. Car, expliquait le Fonds, en l’état actuel des réformes, Athènes n’atteindrait pas l’objectif d’un excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) de 3,5% du Produit intérieur brut (PIB) à l’horizon 2018, qui faisait partie de l’accord passé entre Européens et Grecs à l’été 2015.
Après la fin de l’examen des réformes, les créanciers doivent entamer les discussions sur la dette grecque. Aucune date n’a encore été avancée. M. Moscovici, qui le 11 février avait jugé «encore possible» de boucler cette évaluation avant «Pâques», a plaisanté lundi en soulignant que la fête orthodoxe tombait un mois après la catholique, ce qui permettait un délai supplémentaire. Pourtant le temps presse. En 2016, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, la dette publique grecque devrait atteindre les 185% du PIB.
Or plus la discussion dure, plus les marchés risquent d’être gagnés par l’incertitude. D’autant que la Grèce reste engluée dans la récession pour la septième année depuis la crise de 2008, due surtout aux mesures d’austérité imposées par ses créanciers. Une brève reprise s’était toutefois affichée fin 2014. Concernant la dette publique, «nous avions une promesse de longue date que si le gouvernement grec remplissait ses engagements, alors nous ferions le nécessaire pour la rendre gérable», a dit lundi le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
«Aujourd’hui, nous avons explicitement dit autour de la table que cette discussion serait à notre agenda dans un futur proche», a ajouté le ministre néerlandais des Finances, parlant d’«un lien très fort» entre cette question de l’allègement de la dette et les exigences budgétaires imposées en contrepartie du troisième plan d’aide. De son côté, M. Tsakalotos s’est montré optimiste: «nous avons hâte d’entamer des discussions, pour conclure l’examen des réformes rapidement et avoir des négociations sur la dette».
Et d’ajouter: «Je suis sûr que lorsque des gens raisonnables seront face à face, ils trouveront une solution raisonnable».
Le Quotidien/AFP