BNP Paribas va devoir verser plus de 2 millions de livres de dommages et intérêts à l’une de ses employées de Londres, Stacey Macken, qui avait poursuivi la banque française pour discrimination salariale.
« C’est un cas historique, non seulement parce que c’est l’une des sommes les plus élevées jamais attribuées par un tribunal du travail britannique », a commenté l’avocate Sheila Aly, dans une déclaration écrite mardi. « C’est aussi le premier cas de ce type au Royaume-Uni où un jugement a été rendu en faveur de l’égalité salariale contre une banque d’investissement internationale, qui prend en compte non seulement le salaire mais les bonus et autres formes de rémunération », a-t-elle ajouté. Cette victoire « envoie un message clair au secteur que ce type de discriminations n’est pas acceptable », conclut-elle.
Stacey Macken, toujours employée par BNP Paribas d’après son avocate, dit ne pas pouvoir faire plus de commentaires car elle est encore en litige avec la banque sur le règlement de ses frais de justice. « Quand ce sera le bon moment, je raconterai mon histoire et les gens seront choqués d’apprendre les barrières que les femmes ont à surmonter pour être traitées comme leurs collègues masculins », a-t-elle ajouté.
Stacey Macken avait gagné en 2019 son procès en discrimination contre la banque française – mais la justice devait encore trancher sur le montant des dommages et intérêts. Elle affirmait que son salaire était inférieur de 25% à celui d’un collègue courtier masculin et que son bonus de première année était inférieur de moitié au sien, à travail égal et malgré des appréciations similaires sur leur performance pour des postes équivalents.
Des mesures coercitives lancées
Dans sa plainte, elle avait décrit un environnement humiliant et toxique de travail, entre remarques dégradantes et méprisantes. Elle avait aussi retrouvé un chapeau de sorcière sur son bureau.
Une porte-parole de BNP Paribas affirme ce mardi que la banque « comprend avoir failli dans ses devoirs auprès de Mme Macken ». Elle ajoute que BNP Paribas a lancé un programme de mesures correctives dont une évaluation annuelle de l’égalité salariale ou des formations de l’encadrement.
Un rapport publié début 2020 par l’association de lutte contre les inégalités de genre Fawcett Society estimait que le Royaume-Uni était encore à « des générations » d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes, qui « dominent tous les secteurs de la vie publique britannique ».
Il appelait à l’instauration de « quotas, objectifs, mesures de flexibilité du travail, publication des écarts de salaires » et autres mesures volontaristes.
Fin 2019 une centaine de femmes d’affaires britanniques avaient lancé une campagne de sensibilisation contre les écarts de salaires, se regroupant derrière l’intitulé #MeTooPay, dans la foulée du mouvement #MeToo contre les agressions sexuelles.