Parmi les prévisions du Statec pour 2022 : une croissance à 3,5%, un taux de chômage en baisse et le déclenchement d’un nouvel index, probablement au quatrième trimestre.
Alors que les données de 2021 sont désormais bouclées, le Statec affine ses analyses et prévisions à travers un instantané de l’économie luxembourgeoise livré vendredi matin lors d’un séminaire en ligne.
D’abord, au plan international, les économistes de l’institut constatent bien une reprise mondiale forte, mais toujours empêtrée dans des difficultés de l’offre face à la demande qui explose, entraînant pénurie de matériaux, problèmes logistiques, et donc hausse des prix.
Puis, au sein de la zone euro, le Statec note une baisse de moral du côté des entreprises avec la remontée des cas de covid, qui n’épargne pas le Luxembourg : «La pression sur l’hôpital est moindre avec le variant Omicron, mais le nombre de contaminations va certainement entraîner des difficultés d’organisation», souligne Bastien Larue, chef de l’unité Conjoncture.
La finance s’envole, l’Horeca s’enfonce,
Malgré tout, l’économie nationale reste bien orientée, forte de cinq trimestres consécutifs de remontée et un acquis de croissance qui devrait atteindre 7 % pour 2022, porté notamment par les très bons résultats du secteur financier. C’est dans l’industrie et la construction que les problèmes d’approvisionnement plombent le plus l’activité et favorisent la montée des prix. L’Horeca, quant à lui, n’en fini plus de s’enfoncer, loin de son niveau d’avant-crise.
Globalement, les acteurs économiques s’estiment moins affectés désormais par la pandémie mais elle continue de peser lourdement sur les facteurs de production : «L’insuffisance de l’équipement et le manque de main-d’œuvre compliquent l’activité industrielle, et c’est le secteur de la construction qui souffre le plus de difficultés de recrutement», observe l’économiste.
Le chômage attendu à 5,2 % en 2022
Les services non financiers (coiffure et esthétique en tête) tout comme l’industrie peinent eux aussi à étoffer leurs équipes, mais dans une moindre mesure, alors que le marché du travail renoue avec son niveau d’avant-crise avec une hausse de l’emploi de 1 % par trimestre qui devrait se poursuivre en 2022. Logiquement, le taux de chômage recule et repasse sous son niveau de 2019 – comme ailleurs en Europe – et pourrait encore baisser ces prochains mois jusqu’à 5,2 %.
La consommation des ménages devrait être, à nouveau, un point fort de l’économie en 2022
La reprise profite aussi aux finances publiques, et «plus rapidement que prévu», note Bastien Larue, avec des recettes 2021 qui dépasseront celles de 2019 : «Une bonne performance du Luxembourg car ce n’est pas le cas dans d’autres pays», indique-t-il, alors que le Statec s’attend encore à une amélioration pour 2022 avec le retour d’un excédent budgétaire.
Quant à l’impact des aides gouvernementales sur la santé des entreprises luxembourgeoises, il est net : les mesures mises en place ont à la fois permis de limiter les pertes sur les résultats et la trésorerie en 2020 et de contenir l’endettement. «Grâce au soutien étatique, deux tiers des entreprises à risque ont évité une situation d’illiquidité et un tiers ont pu rester solvables», annonce l’économiste Pauline Perray, ajoutant que les branches les plus exposées sont l’hébergement et la restauration, le commerce et les activités de services – salons de coiffure, salles de sport, institut de beauté.
L’index déclenché à l’automne ?
Mais les consommateurs pourraient bien changer la donne, sachant que la croissance actuelle s’appuie principalement sur la demande intérieure – soit la consommation privée et l’investissement. «Une partie de l’épargne forcée, qui a atteint des sommets en 2020, a été réintroduite dans le circuit l’année dernière avec une hausse de 7 % de la consommation des ménages, et ce devrait être, à nouveau, un point fort de l’économie en 2022», prévoit Ferdy Adam, économiste au Statec.
Enfin, sur l’inflation, les experts tablent sur une hausse des prix de 2,5 % pour ces prochains mois, ce qui devrait entraîner le déclenchement de l’index au quatrième trimestre, soit un an à peine après le dernier : «Bien entendu, nous aurons plus de précisions en cours d’année, mais ceux qui ont besoin de prévoir peuvent d’ores et déjà s’attendre à une augmentation de la masse salariale en 2022», conclut Ferdy Adam.
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