L’Allemagne utilise un euro « largement sous-évalué » pour « exploiter » ses principaux partenaires commerciaux, dont les Etats-Unis, a estimé mardi un conseiller du président américain Donald Trump, ce que la chancelière Angela Merkel a réfuté.
« Il est compliqué de considérer le TTIP (le projet d’accord de libre-échange transatlantique actuellement au point mort, NDLR) comme un accord bilatéral à cause de l’Allemagne, qui continue à exploiter d’autres pays de l’Union européenne ainsi que les Etats-Unis avec un deutsche mark implicite qui est largement sous-évalué », a déclaré, dans une interview au Financial Times, Peter Navarro, nommé récemment à la tête d’un nouveau Conseil du commerce à la Maison Blanche.
Le deutsche mark est l’ancienne devise allemande. « Le déséquilibre commercial structurel que l’Allemagne entretient avec le reste de l’Union européenne et les Etats-Unis souligne l’hétérogénéité économique au sein de l’UE, et donc (le TTIP) est un accord multilatéral déguisé en accord bilatéral », a par ailleurs estimé M. Navarro.
Interrogée lors d’une conférence de presse à Stockholm sur les propos du conseiller américain, Angela Merkel a réfuté toute ingérence de Berlin dans la politique monétaire fixée par la Banque centrale européenne. « Concernant la question de l’euro et de sa valeur, l’Allemagne est un pays qui a toujours plaidé pour que la Banque centrale européenne mène une politique indépendante, de la même façon que la Bundesbank en a mené une également quand il n’y avait pas encore l’euro », a déclaré la chancelière allemande lors d’une conférence de presse. « Nous n’exerçons pas d’influence sur les choix de la Banque centrale européenne. Donc je ne peux pas du tout, dans la situation telle qu’elle est, je ne veux rien changer du tout », a-t-elle ajouté.
L’euro, qui était déjà en légère hausse face au dollar, a accéléré le rythme peu après la publication de l’article du FT rapportant les propos du conseiller de Donald Trump. Vers 13h10, l’euro valait 1,0763 dollar (contre 1,0695 dollar lundi soir), alors qu’il évoluait autour de 1,0710 avant ces déclarations. Il évoluait autour de 1,0772 dollar vers 15h30, après les déclarations de Mme Merkel.
La devise européenne revient au plus haut depuis jeudi dernier face au billet vert. Traditionnel défenseur du libre-échange sous des administrations démocrates comme républicaines, les États-Unis se sont engagés, sous l’impulsion de leur nouveau président, dans un changement de cap radical, préférant les accords bilatéraux à des méga-accords régionaux.
L’une des premières décisions de Donald Trump a été de se retirer du partenariat transpacifique (TPP), un accord abolissant les barrières douanières et règlementaires entre les Etats-Unis et 11 pays de la région Asie-Pacifique signé en 2015 mais pas entré en vigueur. Il a aussi engagé des pourparlers avec la Grande-Bretagne afin de conclure un nouvel accord commercial bilatéral dès que possible après le Brexit.
Le Quotidien / AFP