La Commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager a mis en garde contre des aides aux entreprises mises en difficulté par la pandémie de coronavirus qui prendraient la forme de subventions publiques, dans un entretien au quotidien l’Opinion publié lundi.
« Nous anticipons des besoins de recapitalisations d’entreprises dans les semaines et mois à venir. Il y a différentes manières de procéder. Si c’est en proposant des actions de l’entreprise à la vente, pas de problème.
Mais s’il s’agit d’une vraie recapitalisation publique, où l’Etat verse de l’argent, attention », souligne-t-elle.
« En ce moment, les aides directes aux entreprises prennent la forme de subventions, d’avantages fiscaux et d’avances remboursables pouvant aller jusqu’à 800.000 euros. Tout ceci ne pose pas de problème », ajoute toutefois la commissaire européenne.
Elle juge également que les entreprises recapitalisées ne doivent pas procéder à des rachats d’actions ou verser des dividendes. « Le contribuable est mis à contribution et doit toucher les bénéfices s’il y en a. Il ne faut pas que l’argent soit mal utilisé et il faut que les managers aient intérêt à ce que l’Etat se retire », souligne-t-elle, ciblant les bonus et les rémunérations variables des dirigeants.
La commissaire européenne indique qu’elle étudie actuellement les propositions des gouvernements en matière d’aide aux entreprises en difficultés.
« Nous allons étudier les commentaires des Etats, en discuter à la Commission, et devrions aboutir à un ensemble équilibré de règles en moins de quelques semaines », prévoit-elle tout en prévenant qu’il « risque d’y avoir des conflits entre Etats membres ».
« Une autre discussion en cours, et qui se prolongera dans les prochaines semaines, concerne les capacités financières des Etats. Peu importe la manière nous nous construisons nos règles sur les aides publiques, tous les pays ne seront pas en mesure de les utiliser. C’est un des points qui pourrait rendre les règles du jeu très inéquitables: certains Etats membres auront les moyens d’aider leurs entreprises et d’autres qui le souhaiteraient n’auront pas l’argent nécessaire ».
Margrethe Vestager se félicite à ce propos de l’accord des Etats membres à un plan de soutien de 500 milliards d’euros, estimant « crucial de trouver des solutions européennes »
AFP