Plusieurs ministres européens de l’Économie, dont le Luxembourgeois Étienne Schneider, ont mis en garde lundi contre « un risque important et imminent d’effondrement du secteur européen de l’acier », confronté au « dumping » pratiqué par la Chine et une situation de surcapacité mondiale.
Dans une lettre commune adressée à la Commission européenne et au Conseil, les ministres allemand Sigmar Gabriel, français Emmanuel Macron, italien Federica Guidi, polonais Mateusz Morawiecki, britannique Sajid Javid, belge Kris Peeters et luxembourgeois Etienne Schneider appellent l’Union européenne à « utiliser tous les moyens disponibles » et « agir fortement pour répondre à ce nouveau défi ».
Parmi ces mesures, les ministres citent des « instruments de défense commerciale dans le cadre des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) » et d’autres instruments pour « moderniser l’industrie européenne de l’acier », comme le soutien aux innovations.
Les producteurs européens d’acier, sous pression, accusent la Chine de vendre à perte. Le ministre français de l’Economie Emmanuel Macron avait déjà affirmé en janvier que l’Europe, où la production de nombreux sites sidérurgiques a été mise à l’arrêt, n’accepterait pas le « dumping chinois ».
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L’acier constitue l’une des difficultés au cœur des débats en cours sur l’octroi à la Chine du statut d’économie de marché. Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce, a demandé il y a dix jours à son homologue chinois des mesures pour réduire les capacités de production de secteur.
Lundi, une porte-parole de l’exécutif européen a assuré que la Commission était « bien consciente de la situation », soulignant que le courrier des sept ministres « soulève un nombre de points que nous avons nous-même soulevés aussi ».
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« La Commission use des instruments à sa disposition pour soutenir et garantir un champ d’action équitable (entre les différents pays commercialisant de l’acier, ndlr) », a ajouté cette porte-parole, Lucia Caudet, se disant « ouverte aux propositions que les Etats membres pourraient mettre sur la table » pour mieux défendre encore les intérêts de l’UE.
Bruxelles doit ouvrir dans le courant du mois trois nouvelles procédures pour infraction aux règles de la concurrence concernant des aciers fabriqués en Chine.
« Ne pas attendre des dommages irréversibles »
Les sept ministres signataires de la lettre invitent la Commission européenne « à ne pas attendre que les dommages causés par les pratiques déloyales deviennent irréversibles pour notre industrie ».
Elle devrait, selon eux, être « prête à ouvrir des enquêtes ‘ex officio' », c’est-à-dire de sa propre initiative, et « accélérer le rythme des enquêtes avant l’imposition de mesures de défense commerciale ».
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Les ministres appellent aussi « à la prise en compte rapide de la demande d’ouverture d’une enquête sur les importations de produits plats en acier laminé à chaud en provenance de Chine ».
L’Union européenne est le deuxième plus gros producteur d’acier au monde après la Chine, avec plus de 177 millions de tonnes produites par an, soit 11% de la production mondiale, selon des chiffres de la Commission. Quelque 40.000 emplois ont été perdus dans le secteur ces dernières années.
Le Quotidien / AFP