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Chine-UE : les enjeux de l’accord négocié depuis sept ans


L'accord vise à "un rééquilibrage des opportunités commerciales et d'affaires". (photo AFP)

La Chine et l’Union européenne ont conclu mercredi un accord de principe sur la protection réciproque de leurs investissements, couronnant sept années de discussions entre les deux puissances économiques.

Cet « accord politique » sur les négociations, avant une signature officielle qui interviendra ultérieurement, ouvrira la voie à « un rééquilibrage des opportunités commerciales et d’affaires », a assuré la cheffe de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen.

De quoi s’agit-il ?

Il ne s’agit pas d’un accord de libre-échange concernant des transactions commerciales mais d’un texte visant à garantir les conditions d’activité des entrepreneurs lorsqu’ils investissent dans l’UE et en Chine.

Pourquoi est-ce important ?

Les sommes en jeu sont considérables: le stock d’investissements des Européens (hors Royaume-Uni) en Chine s’élève à près de 150 milliards d’euros, et celui des Chinois dans l’UE à 113 milliards. L’Union européenne est depuis longtemps le premier partenaire commercial de la Chine mais cette dernière est devenue aussi au troisième trimestre la première partenaire de l’UE, devant les États-Unis.

Quel intérêt pour les Européens ?

D’après Bruxelles, l’accord va permettre de « rééquilibrer » la relation commerciale entre les deux puissances et offre un accès « sans précédent » au marché chinois. Les Européens réclament de longue date que leurs entreprises soient traitées de la même manière en Chine que celles du géant asiatique dans l’Union. Le texte « établit des règles très claires » en matière de respect de la propriété intellectuelle des entreprises européennes, de transferts de technologie et de subventions versées aux entreprises publiques chinoises.

La Chine s’est par ailleurs engagée à « des efforts continus et soutenus » pour ratifier les conventions l’Organisation internationale du travail (OIT) en matière de travail forcé. Un « groupe de travail spécifique » suivra la mise en œuvre de cette promesse, selon la Commission européenne.

Quel intérêt pour les Chinois ?

La Chine vit mal les protections mises par les Européens autour de leurs secteurs « stratégiques ». Son champion des smartphones, Huawei, a été exclu du marché des équipements pour la 5G dans de nombreux pays de l’UE. Pékin a donc réclamé des garanties d’accès aux marchés publics dans l’UE et à des secteurs comme les télécoms et les infrastructures d’énergie.

Pourquoi maintenant ?

Alors que se poursuit sa guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine cherche à attirer les Européens dans son camp, avant même la prise de fonctions du président élu Joe Biden qui pourrait ressouder le camp occidental. Elle a donc offert in extremis des avancées en termes d’accès au marché dans des secteurs tels que la finance, les télécoms, les hôpitaux privés, l’informatique dématérialisée, les véhicules électriques ou les transports, afin de convaincre les Européens.

De leur côté, ces derniers ont mal pris la trêve commerciale signée en janvier 2020 entre Américains et Chinois, redoutant d’être les laissés pour compte de ce rapprochement. D’où l’intérêt pour Bruxelles de marquer sa présence sur le marché chinois.

Quid des secteurs stratégiques ?

La Chine conserve une liste « négative » d’une trentaine de secteurs clés dans lesquels elle exclut ou limite les investissements étrangers, notamment dans les mines, l’énergie, les médias ou la culture.
Courant décembre, Pékin a annoncé de nouvelles règles soumettant à un examen approfondi les investissements dans les industries liées à la défense. Les prises de participation de plus de 50% dans l’agriculture, l’énergie, les transports et la finance subiront le même sort.

De son côté, l’Europe dispose depuis octobre d’un « cadre » pour le filtrage des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques, fondé sur l’échange d’informations entre les États membres, dont certains sont mieux armés que d’autres pour y faire face.

Et la suite ?

Après l’entente de principe annoncée mercredi, les experts des deux bords vont s’atteler à la rédaction de l’accord final, qui devra être ratifié par le Conseil et le Parlement européens. Nombre d’eurodéputés voient d’un mauvais œil un rapprochement avec Pékin, rappelant la fin de l’autonomie de Hong Kong et la répression à l’encontre des musulmans ouïghours dans le Nord-Ouest chinois.

Les États-Unis de Joe Biden pourraient aussi faire pression sur l’UE pour qu’elle renonce à ce rapprochement. Son futur conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a plaidé la semaine dernière sur Twitter pour des « consultations avec nos partenaires européens sur nos inquiétudes communes concernant les pratiques économiques de la Chine ».

LQ/AFP

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