Transparency International a fustigé mardi l’opacité de l’Eurogroupe, cénacle informel des 19 ministres des Finances de la zone euro, qui a élaboré et mis en œuvre des plans de sauvetage draconiens pour la Grèce et d’autres pays en crise.
« Pour une institution dont les décisions ont eu un impact sur la vie de millions d’Européens, il y a beaucoup de choses mystérieuses à propos de l’Eurogroupe « , a déclaré l’ONG anti-corruption dans son rapport.
Depuis 1998, l’Eurogroupe réunit une fois par mois les ministres des Finances des 19 pays européens ayant adopté la monnaie unique lancée en 1999. L’institution est dirigée par l’un des ministres et le Portugais Mario Centeno est actuellement en charge.
Avant la crise de la dette en zone euro déclenchée par la crise financière mondiale de 2008, l’Eurogroupe était une sorte de « forum de discussion » politique, mais tout a changé lorsque le rêve de l’euro est devenu un cauchemar financier. L’urgence exigeait une étroite coordination entre les gouvernements de la zone euro pour faire face aux marchés financiers qui menaçaient de tuer le projet de monnaie unique.
Trop de pouvoir de la France et l’Allemagne
Au cours d’une série de réunions marathon entre 2010 et 2013, les grands argentiers de la zone euro ont organisé des renflouements et une nouvelle gouvernance politique pour la monnaie unique, y compris le contrôle des plans de dépenses nationaux. Mais, en dépit de l’augmentation considérable de ses responsabilités, l’Eurogroupe est resté un groupe de ministres qui ne se rendent des comptes qu’entre eux ou à leurs capitales, critique Transparency International.
L’ONG fait également valoir que ce sont essentiellement les grands État- membres, notamment l’Allemagne et la France, qui ont le pouvoir, même si les décisions sont prises à l’unanimité, du moins en théorie. La France et l’Allemagne représentent ensemble environ la moitié du PIB de la zone euro. Les petits États-membres, « sous la pression des marchés financiers et les contraintes de temps… ont du mal à bloquer les procédures », soutient le rapport. Ce déséquilibre est encore plus évident au sein du Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de sauvetage de l’Eurogroupe créé en 2012, où les décisions sont prises à la majorité des voix.
En guise de solution, Transparency International recommande que l’Eurogroupe soit directement responsable devant le Parlement européen. L’ONG soutient que l’Eurogroupe devrait en outre avoir un président à plein temps (et non un ministre des Finances d’un pays qui fait office de président). Il serait ainsi plus à l’abri des pressions exercées par les gouvernements nationaux et serait clairement responsable des décisions, estime Transparency International.
LQ/AFP