Le géant automobile japonais Toyota a annoncé mercredi avoir ouvert en septembre un site de production en Birmanie, alors que de nombreuses autres multinationales ont préféré elles quitter le pays depuis le coup d’Etat militaire de février 2021.
« En février l’an dernier, en raison de plusieurs facteurs dont les changements politiques et l’impact du Covid-19, nous avions décidé de suspendre le démarrage (de cette usine, NDLR) par mesure de sécurité pour nos employés et leurs familles », a rappelé Toyota dans une déclaration transmise à l’AFP.
Mais « comme les circonstances deviennent relativement stables, nous avons commencé la production en septembre », a ajouté Toyota. Il s’agit de sa première usine en Birmanie, un projet annoncé en 2019.
Le constructeur automobile a assuré que d’après une enquête interne, son activité en Birmanie n’avait pas de « liens directs » avec des entités affiliées à la junte, et ce sur l’ensemble du cycle de vie de ses véhicules (importations de pièces, production, vente et services après-vente, déchets et recyclage).
La Birmanie boudée par les multinationales
La décision de Toyota « ne doit pas être vue comme un signe d’un retour à la normale en Birmanie », a toutefois souligné Teppei Kasai, un responsable en Asie de l’ONG Human Rights Watch interrogé mercredi par l’AFP.
« La junte birmane continue de commettre des atrocités dont des meurtres, de la torture et de la détention arbitraire » envers ses opposants, a-t-il souligné.
Diverses multinationales ont quitté la Birmanie depuis 2021, en partie sous l’effet de la pression d’organisations de défense des droits humains, dont le français TotalEnergies, l’américain Chevron et l’australien Woodside, le brasseur japonais Kirin ou encore le cigarettier britannique BAT et l’opérateur télécoms norvégien Telenor.
Un conflit sanglant
Arrêtée depuis le putsch, l’ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi, 77 ans, a été condamnée mercredi à six ans de prison supplémentaires par la junte birmane, alors qu’elle avait déjà été condamnée à 23 ans de réclusion pour différents motifs, dont la fraude électorale et la corruption.
Mercredi également, un journaliste japonais arrêté fin juillet alors qu’il couvrait une manifestation contre la junte, Toru Kubota, a été condamné en Birmanie à trois ans de prison supplémentaires.
Crimes contre l’humanité
Le coup d’Etat a fait plonger le pays dans un conflit sanglant. Plus de 2 300 civils ont été tués depuis par les forces de sécurité, selon le décompte d’une ONG locale. La junte, qui accuse ses adversaires d’être responsables des hostilités, en compte plus de 3 900.
Les Nations unies ont récemment dénoncé des « preuves toujours plus nombreuses » de crimes contre l’humanité en Birmanie, ciblant les femmes et les enfants.
Comme d’autres constructeurs automobiles mondiaux, Toyota a en revanche décidé en septembre de fermer son usine d’assemblage de Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie), du fait des difficultés à se procurer des pièces nécessaires à la production locale liées aux sanctions internationales prises contre Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.