Conséquence de la crise sanitaire, les résidents sont moins partis en vacances et moins loin. De plus, le Luxembourg est devenu leur destination préférée.
Autre phénomène touristique en lien direct avec la situation sanitaire, le pays est devenu la destination la plus fréquentée des résidents entre avril et juin. Une première depuis 1997, date de la première enquête du Statec sur le sujet. En temps normal, la France est la destination favorite des résidents. Suivent l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Mais avec la crise du Covid-19 et les mesures sanitaires, l’année 2020 n’a pas été l’année de vacances inoubliables.
«On dénombre près de 13 000 résidents ayant effectué un séjour d’au moins une nuitée dans le pays, soit 24 séjours pour 1 000 habitants. Les pays de destination comme les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne ont connu un recul moins important que la France au deuxième trimestre», souligne le Statec dans son analyse. Les pays un peu plus éloignés, comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal, ont également été délaissés par les résidents. «Les déplacements vers des pays plus éloignés ont bien évidemment été exceptionnels. L’Espagne, l’Italie et le Portugal, habituellement très fréquentés par les résidents, ont vu le nombre de visiteurs en provenance du Luxembourg se réduire d’environ 90 %», peut-on lire dans l’enquête.
La première raison de cette diminution est là encore évidente en raison de la fermeture de certaines lignes aériennes sur une partie, voire la totalité, de la période d’observation en fonction du pays de destination. Ainsi, le nombre de séjours incluant un transport en avion au printemps 2020 est estimé à 6 000 contre 160 000 l’année dernière à la même période. Les voyages en avion ont donc reculé de 96 % au second trimestre 2020 par rapport au second trimestre 2019.
Autre conséquence, les résidents ont préféré prendre le volant. L’enquête montre que les déplacements se sont principalement effectués en voiture : 79 % contre 46 % en 2019. À noter qu’aucun séjour vers des destinations non européennes n’a été rapporté dans l’enquête. Les voyages de loisir ont donc chuté de 85 % au second trimestre. Par contre, les séjours passés auprès de proches ou dans la famille ont été moins impactés avec un recul deux fois moins important de 47 %. Dans le détail de l’enquête, la population résidente a effectué environ 80 000 séjours avec nuitées auprès de leurs proches, contre 160 000 l’année dernière durant la même période. Les restrictions de déplacement ont donc davantage touché les voyages de loisir que les visites aux proches (avec nuitées). Concernant le lieu, il semble que les voyageurs n’ont guère eu envie de rouler des heures, privilégiant le Benelux. Ainsi, les visites aux proches résidant sur le territoire luxembourgeois et en Belgique ont même augmenté au printemps 2020. «La croissance observée cette année au Luxembourg est phénoménale (+900 %)», commente le Statec.
Le voyage d’affaires à l’arrêt
Comme pour le voyage de loisir, le voyage d’affaires a été très lourdement touché avec une chute de 91 %, au grand dam des hôteliers. «Seulement 3 % de la population active occupée a effectué un voyage d’affaires au deuxième trimestre 2020, contre 15 à 20 % au cours des trois années précédentes. Les voyages ont principalement eu lieu en juin, en voiture privée et dans des pays proches», souligne la publication du Statec ajoutant qu’au «deuxième trimestre 2020, le nombre de voyages d’affaires effectués par la population résidente est estimé à 14 000, contre 154 000 un an plus tôt».
Plus globalement, le secteur du voyage aura connu une année catastrophique. Et même si les résidents ont profité de la situation pour (re)visiter et (re)découvrir le Luxembourg, le secteur touristique n’a pas franchement fait le plein. Un autre aspect est que le fait de ne pas pouvoir voyager et partir en vacances pourrait avoir un effet psychologique important sur une partie de la population qui a besoin de ce bol d’air pour recharger les batteries et se reposer après une longue période de travail.
Malheureusement, la tendance semble devoir perdurer. Avec l’émergence d’une seconde vague d’infections de Covid-19 en Europe, les destinations touristiques sont extrêmement réduites, tout comme les déplacements. De plus, les professionnels du secteur touristique se posent énormément de questions sur l’avenir. D’ailleurs, le salon Vakanz, consacré aux voyages et prévu en janvier, devrait être reporté.
Jeremy Zabatta