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Télétravail : une « obligation » loin d’être la règle du reconfinement en France


Nombre d'employeurs ne font pas confiance à leurs salariés et ont "peur" de perdre le contrôle sur eux. (illustration AFP)

Face à la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, le télétravail « est une obligation », martèle le gouvernement français depuis vendredi et l’instauration d’un nouveau confinement. Pourtant, contrairement à mars, de nombreuses entreprises rechignent cette fois-ci à recourir complètement au travail à distance.

« Tous ceux qui ont des tâches télétravaillables, et il y en a beaucoup, doivent télétravailler cinq jours sur cinq », a encore rappelé mardi la ministre du Travail Élisabeth Borne.

Une injonction que Sofia, salariée d’un cabinet de conseil en région parisienne, aimerait voir son employeur respecter. Dans un mail adressé aux quelque 500 salariés de la société, la direction affirme souhaiter « le maintien de nos activités en mode normal », soit un jour télétravaillé par semaine maximum. « C’est très choquant, on a l’impression qu’on ne vit pas dans le même pays. C’est juste une stratégie de contrôle des gens », déplore Sofia, qui souhaiterait éviter de prendre les transports pour se rendre en banlieue parisienne. « Pour travailler on a besoin d’un ordinateur et d’une connexion internet », assure-t-elle.

Même constat pour Bertrand, qui travaille au Crédit Agricole. Sa direction lui a adressé un message lui annonçant un maximum de deux jours de télétravail par semaine. « Nos postes étaient 100% en télétravail en mars », rappelle Bertrand, qui a du mal à comprendre.

Comme lui, des salariés d’offices HLM, de sociétés de dépannage informatique en ligne ou de location d’engins de BTP ont raconté avoir travaillé uniquement depuis leur domicile en mars-avril dernier, ce qui ne leur est aujourd’hui plus permis. Tous avancent le même argument : le refus du télétravail est lié à « une peur de perte de contrôle du salarié, avec une baisse de productivité ».

Chez LCL, filiale du Crédit Agricole, Force ouvrière (FO) s’est ému d’un « 0% télétravail » imposé à tout le réseau commercial. La branche banques du syndicat a dénoncé dans un communiqué une situation propre à ce secteur. « La profession, à de rares exceptions, exclut toujours de recourir massivement au travail à distance en particulier pour les salariés des réseaux et en contact direct du public », dénonce FO.

Une « boulette » dans le protocole

Alors que syndicats et patronat ont entamé des discussions mardi sur le télétravail, la négociatrice de la CFDT Catherine Pinchaut a évoqué « de fortes remontées » venant d’entreprises qui refusent le télétravail.

Le nouveau protocole national dans les entreprises, mis en ligne jeudi par le ministère du Travail, « laisse libre court à de nombreuses interprétations », a-t-elle dénoncé. « C’est à l’appréciation pure de l’employeur, qui décide que le poste de M. ou Mme Dupont est télétravaillable ou pas », sans discussion avec le salarié, a déploré Catherine Pinchaut. « On voit bien qu’il y a une boulette dans la rédaction du protocole », a-t-elle regretté.

De son côté, la ministre Borne a relevé des « signaux positifs » comme la fréquentation en baisse des transports en commun en Ile-de-France lundi (entre 25 et 40% en moins par rapport à la normale).

« Je vais continuer toute cette semaine à mobiliser les entreprises, j’ai plusieurs visioconférences avec des directeurs de ressources humaines », a-t-elle assuré, affirmant qu’une enquête allait être diligentée en fin de semaine pour « mesurer la façon » dont le télétravail a été mis en œuvre.

LQ/AFP

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