La Commission européenne s’est dite « confiante » dans la possibilité de surmonter l’opposition de certains États à sa proposition controversée d’un renchérissement des carburants routiers et récusé l’argument d’un « risque gilets jaunes ».
Les ministres européens de l’Environnement, réunis en Slovénie, doivent donner mercredi leurs « premières observations » sur le paquet climat dévoilé le 14 juillet par l’exécutif européen pour réduire de 55 % d’ici 2030 (par rapport à 1990) les émissions carbone de l’UE. Bruxelles a notamment proposé l’extension du marché du carbone européen au transport routier et au chauffage résidentiel, un projet accueilli froidement par nombre d’États (« réserves » de la France, vive opposition de la Hongrie…), qui s’inquiètent des répercussions sur les factures des consommateurs.
« Nous demandons une évaluation objective. Certains ont réagi avant même nos annonces, évoquant un ‘suicide politique’. Ma réponse est simple : lisez notre projet », a lancé le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, en charge du Pacte vert, juste avant la réunion au château de Brdo (centre). « Ce qui peut arriver, c’est que les États membres et le Parlement ne regardent même pas notre proposition et la jettent à la poubelle sans l’analyser. La seule chose que je demande : faites l’analyse ! Ayez au moins ce respect-là », a-t-il plaidé.
Le projet d’un « second marché carbone », opérationnel en 2025 et sur lequel les fournisseurs de carburants et de fioul domestique devraient acheter des « permis à polluer », doit être approuvé par les eurodéputés et une majorité qualifiée d’États. Alors qu’un renchérissement du carburant fait planer le spectre de mouvements sociaux du type gilets jaunes français, la Commission promet un fonds alimenté par les recettes du marché carbone pour aider les ménages les plus vulnérables.
Pour enrayer la forte croissance des émissions des transports, « si vous avez une meilleure alternative, donnez-la-nous ! (…) Dans toute transition, il y a un prix : la question est de savoir s’il est payé par ceux qui le peuvent », a déclaré Frans Timmermans. « Ce que nous proposons permet de soutenir massivement les personnes menacées de précarité énergétique (…) Je vois très mal comment on pourrait faire ça avec une taxe ou une réglementation », a-t-il affirmé.
« Tout le monde parle des gilets jaunes ! Il y a toujours un risque que la population rejette des propositions, mais parfois, l’argument gilets jaunes est utilisé par ceux qui ont des intérêts très précis à défendre. Si nous pouvons prouver que notre proposition est juste et solidaire, elle a une chance », conclut-il.
AFP/LQ