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Syndicats VS patronat : rien ne va plus dans le bâtiment


Au Luxembourg, on estime à 18 000 le nombre de personnes travaillant dans le secteur de la construction du bâtiment. (Illustration: lq)

Après deux ans de négociations infructueuses, syndicats et patronat vont devoir trouver un accord devant le conciliateur. Dans le cas contraire, la grève pointe à l’horizon.

Lundi, en début d’après-midi, le patronat a annoncé le retrait des syndicats de la table des négociations. «Le patronat du secteur du bâtiment regrette que les syndicats aient quitté la table des négociations pour une nouvelle convention collective et aient lancé de façon unilatérale la procédure de conciliation», pouvait-on lire dans un communiqué.

Pol Faber, en charge des négociations pour le patronat, a expliqué : «Nous sommes très surpris de la décision des syndicats de rompre les négociations et de lancer la procédure devant le conciliateur alors qu’il y a encore deux-trois semaines, les négociations étaient ouvertes, tout comme le dialogue.»

Une augmentation de 0,7%

Comme en début d’année, les divergences restent autour de la hausse de salaire. Là où les syndicats souhaitent une hausse de salaire de l’ordre de 1,5 % par an sur l’ensemble des salaires et de façon rétroactive, le patronat entend accorder une hausse de salaire de l’ordre de 0,7 % par an, mais uniquement sur le salaire tarifaire.

«Il faut comprendre que nous nous basons sur le salaire tarifaire et non sur les salaires que chaque patron est libre de donner à ses ouvriers. Nous comprenons que les syndicats veulent une hausse de salaire pour l’ensemble des ouvriers du secteur. C’est pour cela que nous avons proposé de réfléchir à des alternatives comme une prime de fin d’année ou une prime unique», a expliqué Pol Faber.

Ce dernier a également souligné que la proposition du patronat était «une augmentation linéaire des tarifs de 2,1 %, soit 0,7 % par an, ainsi qu’une prime de 100 euros par année en faveur des quelque 18 000 employés concernés par la convention collective. À elle seule, cette prime d’un total de 300 euros équivaut à un volume financier de 5,4 millions d’euros sur trois ans».

«Un coup de poker»

Pour autant, le patronat pense que la rupture des négociations et la saisie de la procédure de conciliation cache une tout autre stratégie de la part des syndicats : «Ils sont en train de tenter un coup de poker. Ils nous accusent de vouloir jouer la montre depuis des mois, mais nous, nous voulons régler cette situation au plus vite. Il faut avoir également en tête qu’en octobre, les élections législatives arrivent et peu après les élections sociales. De plus, à la vue du calendrier et dans la mesure où les syndicats ont dénoncé la convention collective actuelle et saisi le conciliateur, ils pourront faire grève début octobre. C’est donc clairement un coup de pression sur le syndicat, rien d’autre.»

« Une pratique déplorable »

Du côté des syndicats, le point de vue est tout autre. Pire encore, ils affirment ne pas avoir quitté la table des négociations mais que c’est le manque de sérieux du patronat qui conduit à cette situation.

«Depuis le mois de mars 2016, donc plusieurs mois avant la fin de convention collective, nous courons derrière le patronat pour négocier et avoir des réunions. Pour être plus clair, notre première demande remonte à mars 2016 et la première réponse du patronat s’est faite en janvier 2017», s’est insurgé Jean-Luc De Matteis, visiblement remonté.

«Aujourd’hui, ce que le patronat fait, en accusant les syndicats de se servir des élections législatives en octobre pour faire pression, est une pratique déplorable. Depuis plus de deux ans nous voulons trouver un compromis», a encore affirmé le secrétaire central du syndicat bâtiment, artisanat du bâtiment et constructions métalliques de l’OGBL.

« Quelques centimes par jours »

Concernant les divergences de points de vue sur la hausse de salaire, là aussi, les syndicats dénoncent un manque de sérieux : «Le patronat a fait une proposition, mais il ne dit pas que cette proposition exclut 70 % des ouvriers et employés du secteur du bâtiment. Car en proposant uniquement une hausse de salaire sur le tarifaire, cela ne concerne que 30 % des ouvriers et employés du secteur qui eux ont une rémunération alignée sur la grille tarifaire de la convention collective. Proposer une prime de 300 euros sur trois ans, cela représente une hausse de salaire de quelques centimes par jours. Ce n’est vraiment pas sérieux.»

Jeremy Zabatta