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Statec : une économie touchée, mais pas coulée


La hausse des dépenses liées à la crise causeraient un important et inédit déficit public de 3,5 milliards d'euros cette année. (Photo : DR)

Le Statec a dévoilé sa note de conjoncture économique. Les conséquences de la crise du coronavirus vont se faire sentir toute l’année et même au-delà.

Le Statec a dévoilé jeudi sa note de conjoncture pour le début de l’année 2020. Malicieusement intitulée «la crise de la quarantaine», elle affiche la couleur : le confinement et la crise du coronavirus vont faire mal à l’économie luxembourgeoise.

Première certitude pour l’Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché : à l’instar de nombreux pays, le Luxembourg connaîtra une récession profonde cette année, avec des retombées marquées sur le marché du travail et les finances publiques.

Au niveau mondial, les nuages noirs ne sont pas près de se dissiper. L’économie mondiale sera ainsi fortement impactée cette année par les conséquences de la pandémie de coronavirus. Malgré les mesures annoncées, une récession profonde sur l’ensemble de l’année est attendue au niveau du globe.

Dans la zone euro, cette récession serait encore plus forte que celle de 2009 selon le Statec, «mais s’étalerait sur une période moins longue». L’Institut ajoute : «Un rebond est attendu en 2021, dont l’ampleur dépendra de l’évolution de la situation sanitaire.»

«L’activité économique au Luxembourg a été relativement soutenue sur les deux premiers mois de l’année, mais elle s’est fortement réduite à partir de mars avec la mise en place des mesures de confinement», explique ensuite la note du Statec. «Les secteurs les plus touchés sont ceux qui ont été directement visés par une interdiction totale ou partielle d’exercer (construction, Horeca, commerce) et/ou pour lesquels les possibilités de télétravail sont limitées.» Seule petite note positive : la sortie progressive du confinement devrait permettre à l’activité de rebondir à partir du troisième trimestre, selon l’institut.

Comme nous l’évoquions déjà dans nos colonnes, le Statec souligne que «grâce au travail à distance, le secteur financier a apparemment pu préserver le niveau d’occupation de ses effectifs, mais le repli des marchés boursiers et la dégradation conjoncturelle viendront impacter ses résultats».

Le PIB luxembourgeois en volume devrait ainsi enregistrer un repli de 6 % cette année, suivi d’un rebond de 7 % en 2021. Attention, le Statec précise que cette configuration implique une normalisation de la situation sanitaire et une reprise progressive de l’activité. Cette dernière resterait cependant à la fin de 2021 encore inférieure de 3 % à la trajectoire qui se dessinait avant l’émergence de cette crise, explique le document de l’Institut.

Pas d’index avant 2022

Le Statec souligne également qu’au Luxembourg, en ce début d’année, les prix à la consommation ont considérablement freiné à la suite de l’introduction de la gratuité des transports publics et de l’effondrement des prix pétroliers sous le choc Covid-19. Selon lui, la dégradation conjoncturelle devrait également se traduire par des tendances désinflationnistes sur les prochains trimestres, en raison d’une demande faiblissante. Les prix pourraient baisser mais, à court terme, et pour certains secteurs, «des difficultés d’approvisionnement peuvent cependant exercer des pressions haussières sur les prix, ce qui est actuellement le cas pour l’alimentation», ajoute le texte.

À la suite de la révision vers le bas des prévisions d’inflation, la prochaine tranche indiciaire serait repoussée en 2022, freinant mécaniquement la croissance des salaires anticipée pour l’année prochaine au Luxembourg, ajoute le Statec. Malgré l’indexation de janvier 2020, le coût salarial moyen devrait baisser d’environ 5 % en 2020 (et même de 8 % dans le secteur privé) à la suite de la prise en charge par l’État de la masse salariale des personnes au chômage partiel ou en congé pour raisons familiales. Le revenu disponible des ménages progresserait en revanche, même si «près de 140 000 personnes ont probablement subi des baisses de salaire sur un ou plusieurs mois», d’après le Statec.

La crise a évidemment eu des conséquences sur le chômage au Luxembourg, comme partout ailleurs en Europe. La hausse du chômage en mars est surtout à mettre en lien avec la fermeture des chantiers et la baisse de l’emploi intérimaire. Sur les prochains mois, la situation devrait se stabiliser. En effet, toujours selon le Statec, les mesures de maintien en emploi prises par le gouvernement pendant le confinement (chômage partiel, congé pour raisons familiales) devraient largement limiter les effets négatifs sur les effectifs salariés, avec un emploi qui devrait encore progresser de 0,8 % en 2020 dans le scénario d’un confinement limité, après +3,6 % en 2019 (et contre une baisse de 2,2 % sans les mesures de maintien en emploi).

L’affaissement conjoncturel se traduira par une nette dégradation des finances publiques selon le Statec : la baisse des recettes (déjà entamée en 2019) et la hausse des dépenses liées à la crise causeraient un important et inédit déficit public de 3,5 milliards d’euros cette année.

LQ