Lors d’un sommet économique qui s’est tenu à Dudelange, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a souligné la résilience du Luxembourg, même si certains indicateurs inquiètent.
Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a participé à la 19e édition du sommet économique local de Dudelange. L’occasion d’échanger avec les commerçants et industriels de la région tout en se confrontant à la réalité du terrain en cette période de crise sanitaire et économique. Pour l’épauler, la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser, a présenté un rapide état des lieux en matière d’emploi.
Le député-maire de la Forge du Sud, Dan Biancalana, a rappelé les mesures d’accompagnement proposées par la commune à ses administrés. Pêle-mêle, on peut rappeler la continuité des services essentiels à la population au plus fort de la crise sanitaire comme un service d’aide aux achats, la continuité des projets d’infrastructures, comme la rénovation de la rue piétonne qui s’achève avec deux mois d’avance, une aide psychologique pendant le confinement ou encore la mise en place d’initiatives avec l’association des commerçants telles que la plateforme #MäinDiddeleng (qui a rapporté 60 000 euros) et un projet de distribution de bons d’achat aux 21 400 habitants de la commune pour un montant de 300 000 euros.
«Une certaine marge de manœuvre»
Une série d’aides qui n’est pas sans conséquences sur le budget de la commune. «Nous allons continuer à investir dans des projets au service de nos concitoyens, comme la construction de maisons relais, mais il va falloir réfléchir à la temporalité des projets. Cela va être un grand défi», a souligné Dan Biancalana, qui n’a pas caché que la crise sanitaire a valu à la commune un trou dans les recettes à hauteur de 12,6 millions d’euros.
Franz Fayot a, lui, rappelé le travail de l’État, qui a mobilisé près de 11 milliards d’euros, soit 17 % du PIB, «un effort sans précédent de la part du pays et un des plans les plus ambitieux en Europe», selon le ministre qui a pris ses fonctions en février. «C’était la réponse appropriée face à cette crise sans précédent au niveau de l’offre et de la demande», a assuré le ministre avant de détailler les diverses mesures d’aide financière mises en place par le gouvernement depuis le début de la crise. Franz Fayot a d’ailleurs souligné l’hypothèse de nouvelles mesures dans les mois à venir, vers octobre-novembre, tout en indiquant vouloir attendre de voir les effets des mesures et des aides déjà en place.
Visiblement rassurant, le ministre a conclu en affirmant être optimiste. «Nous avons les cartes en main pour réussir. Notre économie dispose de fondamentaux solides et, contrairement à d’autres pays, la situation saine des finances publiques nous donne une certaine marge de manœuvre», a-t-il expliqué tout en mentionnant que le pays avait pu compter sur les investissements dans le digital, les infrastructures ou encore la troisième révolution industrielle pour traverser le plus fort de cette crise inédite et travailler sur l’avenir. Le ministre a insisté sur le haut degré de résilience du Luxembourg qui, au fil des années, a réussi à surmonter les différentes épreuves, de la crise sidérurgique à la crise financière.
Les jeunes payent les pots cassés
Pour autant, Franz Fayot, à l’image du Premier ministre, a dit son inquiétude face à l’augmentation des infections au coronavirus.
Et, dans le domaine de l’emploi, les nouvelles sont beaucoup plus sombres. La directrice de l’Adem n’a pas caché que la situation était préoccupante avec un taux de chômage à 7 % alors qu’il s’était stabilisé autour de 5,5 %. «Le chômage augmente surtout chez les jeunes. En dessous de 25 ans, nous sommes sur une hausse de 60 % sur un an. C’est malheureusement le cas à chaque crise : ce sont les jeunes qui payent les pots cassés, car ils sont en CDD et c’est ce type de contrat qui n’est pas renouvelé en temps de crise. De plus, nos chiffres ne prennent pas encore en compte les jeunes qui ont achevé cette année leurs études et se retrouvent sur le marché de l’emploi», s’est inquiété Isabelle Schlesser.
Pour finir sur une tendance positive, la directrice de l’Adem souhaite croire à une éclaircie en voyant le taux de création d’emplois à +1,5 % en mai. «Dans une certaine mesure, c’est une bonne chose de voir qu’il y a encore de la création d’emplois, mais ce n’est pas suffisant pour réduire le chômage», a-t-elle précisé. Avant la crise, la création d’emplois progressait en moyenne de 3 %.
À noter également que de nouvelles tendances sont en train d’émerger, dont on ne sait pas si elles sont provisoires, comme notamment le fait que les embauches se sont tournées beaucoup plus vers les résidents que vers les frontaliers. Mais ce n’est peut-être qu’un effet du confinement.
Enfin, les commerçants et les industriels ont pu échanger avec les représentants officiels. L’occasion pour Michel Reckinger, le directeur général de l’entreprise familiale Reckinger Alfred et surtout patron des artisans, de demander au ministre de ne pas se précipiter pour demander le paiement des taxes et autres, que l’État a différé pour permettre aux entreprises de garder des liquidités. Le ministre a promis de faire remonter la demande.
Jeremy Zabatta