Le géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell a dévoilé jeudi les détails de son plan pour devenir neutre en carbone d’ici 2050, avec des milliards de dollars investis dans les nouvelles énergies et une lente baisse de la production de pétrole.
Le groupe, comme l’ensemble du secteur, fait face à d’énormes bouleversements, qui poussent les majors à revoir dans l’urgence leur modèle sous la pression de la société civile en raison de la crise climatique et dans un marché pétrolier plombé par la chute de la demande avec la pandémie.
Shell avait déjà dévoilé les grandes lignes de ses ambitions énergétiques, mais n’avait pas donné jusque-là beaucoup de détails, ce qui avait alimenté les doutes notamment des ONG sur le sérieux de l’objectif. Dans un communiqué jeudi, il dévoile un calendrier pour sa baisse prévue des émissions de CO2, de l’ordre de 6 à 8% d’ici 2023, 20% d’ici 2030, 45% d’ici 2035 et 100% d’ici 2050.
Pour tenir ses engagements, il va renforcer sa présence dans la technologie consistant à capturer le carbone, et va avoir recours à des mécanismes de compensation, qui sont contestés par les ONG et consistent à financer des projets verts pour équilibrer les émissions.
Côté dépenses, il dit vouloir investir de 5 à 6 milliards de dollars par an dans les nouvelles énergies dans les prochaines années. Ces dépenses seront dirigées vers la production d’énergies renouvelables, la fabrication de biocarburants ou encore les points de charge pour véhicules électriques. L’investissement pour les seules énergies renouvelables, dont l’hydrogène, a lui été confirmé entre 2 à 3 milliards de dollars soit autour de 10% du total des dépenses du groupe toute activité confondue.
Pic pétrolier atteint en 2019
Le groupe n’abandonne pas, loin de là, la production de pétrole et de gaz, d’où il tire la grande majorité de ses revenus et qui doit lui permettre de financer sa transition énergétique. Shell compte investir entre 8 et 9 milliards de dollars par an dans le gaz et les produits chimiques. Surtout, il entend par ailleurs investir encore 8 milliards de dollars par an dans l’exploration et la production d’hydrocarbures.
Mais il va réduire sa dépendance aux énergies fossiles et prévoit une baisse de 1 à 2% de sa production de pétrole chaque année, ce qui doit continuer à lui permettre de dégager de la trésorerie au cours des années 2030. Shell précise que le pic de sa production de pétrole a été atteint en 2019, soit avant que la pandémie ne vienne porter un coup très dur au marché pétrolier.
Il ajoute que ses émissions carbone ont elles atteint leur plus haut en 2018 et vont désormais donc diminuer sensiblement. Le but est au total de réorienter progressivement les dépenses vers les énergies vertes et de devenir moins dépendants des prix du pétrole et du gaz. « Nous accélérons notre stratégie pour réduire les émissions carbone et créer de la valeur pour nos actionnaires, nos clients et la société en général », assure le directeur général Ben van Beurden. Le groupe avait déjà choyé ses actionnaires lors de la présentation de ses résultats pour 2020 la semaine dernière, en annonçant une hausse de son dividende au premier trimestre de 2021.
Shell, qui a subi une perte massive de 21,7 milliards de dollars en 2020, a mis en place pendant la pandémie une profonde restructuration et passé des dépréciations d’actifs colossales dans ses comptes. Il va notamment supprimer 7 000 à 9 000 postes d’ici 2022.