L’UBS a choisi son ancien directeur général, le Suisse Sergio Ermotti pour piloter la délicate méga-fusion avec Credit Suisse, décidée dans l’urgence et scrutée de près par les investisseurs comme par les responsables politiques.
Sergio Ermotti, 62 ans, est actuellement président du réassureur Swiss Re. Il a déjà dirigé la première banque de suisse de 2011 à 2020. Il avait redressé l’établissement avec succès après les remous de la crise financière de 2008 (qui avait forcé l’Etat fédéral à mettre en oeuvre un gigantesque plan de sauvetage) et des scandales, dont les pertes d’un trader voyou.
L’action du géant bancaire suisse UBS a grimpé de 2,48% mercredi dans les premiers échanges à 18,18 francs suisses (18,23 euros), après l’annonce de cette nomination. Sergio Ermotti prendra ses fonctions dès le 5 avril, à l’issue de l’assemblée générale de la banque, a précisé UBS dans un communiqué.
De nouveaux défis pour UBS
« Le conseil d’administration a pris cette décision à la lumière des nouveaux défis auxquels UBS fait face après l’annonce de l’acquisition » du numéro deux de la banque en Suisse, qui menaçait de s’effondrer et de provoquer une panique généralisée, explique l’entreprise.
UBS a accepté le 19 mars de racheter la deuxième banque du pays dans l’urgence sous la pression des autorités suisses qui voyaient là le seul moyen d’éviter une catastrophe qui aurait durablement affecté la réputation de la place financière suisse et provoqué des remous dans le monde entier.
Mais cette fusion qui va donner naissance à une banque gigantesque à l’échelle du pays, pose aussi des questions, notamment en termes de concurrence, de poids dans la vie économique et de préservation de milliers d’emplois.
Sergio Ermotti « succédera à Ralph Hamers, qui a accepté de se retirer dans l’intérêt de la nouvelle entité combinée, du secteur financier suisse et du pays », insiste la banque. Ralph Hamers, un banquier néerlandais de 56 ans, restera toutefois aux côtés de Sergio Ermotti pendant une période de transition pour « assurer le succès de la transaction », insiste la banque.
Avant de diriger UBS, Ralph Hamers avait été aux commandes du groupe bancaire néerlandais ING qui traversait également une période difficile après la crise financière de 2008.
« Les priorités d’UBS ont clairement changé »
Pendant ses neuf ans à la tête d’UBS, Sergio Ermotti, avait rapidement « transformé la banque d’investissement » en procédant à des coupes dans ses activités, initiant « un profond changement de culture » qui avait permis de « regagner la confiance des clients et autres parties prenantes », insiste UBS dans le communiqué.
Dans un commentaire boursier, Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, a salué ce retour de Sergio Ermotti, estimant qu’il est « la bonne personne pour cette tâche difficile », compte tenu de « son expérience » dans la transformation d’UBS, « avec succès » après la crise financière de 2008.
« Les priorités d’UBS ont clairement changé, l’intégration de Credit Suisse étant la tâche la plus importante », ajoute l’analyste, qui note qu’UBS fait déjà face à « des pressions politiques significatives en raison de sa large taille et importance pour le pays ».