En 2017, la croissance économique mondiale devrait connaître une accélération selon les analystes de la banque KBL epb. Mais à une condition: que les mouvements populistes et les tendances protectionnistes que l’on observe en ce moment «n’entraînent pas de ralentissement».
C’est le message principal passé lundi lors de la présentation des perspectives économiques de la banque privée luxembourgeoise du boulevard Royal pour l’année qui va s’ouvrir. « Nous pensons que le monde est à la croisée des chemins », a déclaré Stefan Van Geyt, directeur des investissements du groupe KBL epb. Et cela à cause de deux facteurs. Le premier étant « la montée du mécontentement des électeurs », (le vote en faveur du Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis). Le second, « la digitalisation et la robotisation ».
Pour la banque du boulevard Royal, 2017 marquera le début soit «d’un ralentissement, soit d’une légère accélération de la croissance». Cet accroissement se produira si les mouvements populistes ainsi que les tendances protectionnistes actuellement observées n’entraînent pas de ralentissement.
D’après Jean-François Jacquet, chef des investissements Luxembourg, le rythme de la croissance annuelle devrait augmenter dans les douze prochains mois. Cependant, trois «risques» pourraient mettre à mal ce scénario.
La machine remplacera l’homme
À savoir : « une vague de populisme en Europe (plusieurs échéances électorales sont programmées en 2017), un potentiel krach du marché obligataire et une ou plusieurs attaques cybernétiques », dit-il. Il a estimé, par ailleurs, que « la croissance mondiale ne trouvera plus sa source dans le commerce international ». « Il faut s’attendre à une croissance en dessous de son potentiel », a-t-il prévenu.
Concernant l’essor de la robotique intelligente, Ilario Attasi, directeur des recherches du groupe, a expliqué qu’une telle innovation était une menace pour la croissance de l’emploi à long terme. Cela touchera en particulier les travailleurs pauvres et les classes moyennes en difficulté. Aux États-Unis, en 2020, « 5 millions d’emplois seront remplacés par des machines », a-t-il souligné. Les secteurs les plus touchés seront « le textile et l’automobile ».
Les analystes de la banque ne sont pas uniquement concentrés sur les grandes tendances à surveiller. Ils ont aussi délivré leurs chiffres pour les zones géographiques. En 2016, selon Jean-François Jacquet, la croissance a été de 1,5 %. «Les premiers indicateurs économiques laissent entrevoir des niveaux de croissance potentiellement similaires en 2017», a jugé la banque. « Nous sommes assez optimistes pour l’Europe », a complété Jean-François Jacquet. Concernant la Grande-Bretagne chamboulée par le Brexit, sa croissance ne dépassera pas les « 1 % en 2017 ».
La croissance chinoise ralentit
Le président élu Donald Trump prendra le 20 janvier prochain les rênes d’un pays qui se porte bien. L’expansion de l’économie déjà observée en 2016 se poursuivra en 2017 avec une croissance du PIB à 2,4 %. « C’est la 9 e année consécutive de hausse » du PIB, a fait observer Jean-François Jacquet. « Bien sûr, tout dépendra de la politique de Trump », a prévenu le chef des investissements. Il s’attend à ce que le nouveau président, qui va mener une politique économique procyclique, « mette de l’eau dans son vin ».
Pour le Japon, les taux négatifs de la Banque centrale ont permis de relancer la consommation, d’après Jean-François Jacquet. Le PIB devrait croître de 1,2 % en 2017 au lieu de 0,6 % cette année. Enfin, la Chine « doit être scrutée avec beaucoup d’attention » car sa croissance ralentit et se rapproche des standards des pays développés.
Aude Forestier