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Secteur financier: une fin d’année difficile


L’inflation commence à faire des dégâts sur la demande et les carnets de commandes souffrent. 

Selon la note de conjoncture publiée hier par le Statec, le contexte économique s’assombrit pour les prochains mois.

Le Statec a dévoilé hier sa note de conjoncture. Le premier semestre s’est bien terminé, mais la fin d’année s’annonce plus compliquée à gérer. Le vent va tourner… L’activité est demeurée bien orientée dans la zone euro au deuxième trimestre. Au Luxembourg, les tendances sont plus mitigées, bonnes pour les services non financiers, mais défavorables pour le secteur financier. Le contexte conjoncturel s’assombrit progressivement en Europe et laisse entrevoir une deuxième partie d’année plus difficile.

Le secteur financier est susceptible d’afficher un nouveau repli sous l’effet de la dégradation de l’environnement boursier sur cette période. L’industrie et la construction, vu l’orientation légèrement négative de la production au printemps, ne devraient pas non plus contribuer positivement à l’évolution de la valeur ajoutée sur ce trimestre. Pour les services non financiers en revanche, malgré la baisse de confiance enregistrée depuis mai, les données de chiffres d’affaires en volume du deuxième trimestre montrent des tendances qui demeurent favorables, notamment pour les services aux entreprises, les transports, l’Horeca et le commerce de gros. Pour les autres composantes du commerce, la situation est plus difficile. Le volume des ventes au détail a reculé sur 3 mois consécutifs d’avril à juin, en écho à la baisse de la confiance des consommateurs (ces derniers sont particulièrement inquiets de l’évolution de leur situation financière dans le contexte actuel d’inflation élevée), précise le Statec. Les ventes de voitures particulières demeurent, quant à elles, contraintes par l’offre limitée des constructeurs (les nouvelles immatriculations de voitures particulières reculent de 13 % sur un an sur les 7 premiers mois de 2022 au Luxembourg).

La consommation se dégrade

Que ce soit au Luxembourg ou en zone euro, les données observées et les perspectives en matière de consommation des ménages se sont nettement dégradées sur les derniers mois, la hausse de l’inflation venant rogner leur pouvoir d’achat (celui-ci étant plus ou moins affecté, en fonction notamment des mesures d’aides, souligne le Statec). La confiance des entreprises de services non financiers avait relativement bien résisté sur la première partie de l’année, mais elle s’est bien repliée à l’approche de l’été (depuis mai au Luxembourg, depuis juillet à l’échelle de la zone euro). Ces entreprises jugent que leur situation s’est détériorée et que la demande (récente et prévue) a perdu en vigueur. La guerre en Ukraine ne laisse pas entrevoir d’issue à court terme, ce qui va maintenir la pression sur la facture énergétique des ménages et des entreprises. Le risque d’un repli de l’activité s’accroît en zone euro. Les États-Unis, où la reprise post-covid et la remontée de l’inflation ont été plus précoces qu’en Europe, se retrouvent pour leur part en situation de récession technique.

La production industrielle continue à montrer peu d’entrain cette année. Sur les 6 premiers mois de 2022 (les données de juin étant partiellement estimées), elle affiche un repli de 0,7 % sur un an au Luxembourg (contre +0,2 % pour l’ensemble de la zone euro). Les perspectives pour le troisième trimestre sont peu engageantes, la confiance des industriels – orientée à la baisse en zone euro comme au Luxembourg depuis le début de la guerre en Ukraine – ayant continué à refluer dans les enquêtes de conjoncture de juillet. Au Luxembourg, cette nouvelle baisse de moral – qui passe par une dégradation des carnets de commandes et une remontée des stocks – est particulièrement prononcée pour les acteurs de la métallurgie, des produits informatiques et électroniques et du textile, énumère le Statec.

Au deuxième trimestre, les nouveaux crédits immobiliers octroyés par les banques du Luxembourg ont diminué de 18 % sur un an pour les contrats à taux fixe alors que les contrats à taux variable ont progressé de 5,4 %. La différence se creuse entre les taux fixes à long terme et les taux variables à court terme, les premiers étant d’en moyenne 2,3 % en juin (+0,9 point de pourcentage sur un an), atteignant même 3,5 % sur les contrats sur 30 ans selon Athome, contre seulement 1,3 % pour les taux variables (+0,1 point de %). Les taux sur les crédits aux entreprises restent encore bas à 1,1 % (+0,1 point de % sur un an), mais les nouveaux crédits octroyés ont diminué de 3,1 % sur un an. D’après l’enquête sur le crédit bancaire menée en juillet, la demande de prêts immobiliers diminue au Luxembourg et en zone euro en raison d’une baisse de la confiance des consommateurs, des perspectives moins favorables sur le marché de l’immobilier et du resserrement des critères et des conditions d’octroi.

Au Luxembourg, le Statec anticipe 6,6 % d’inflation cette année et 5,3 % l’année prochaine. Selon ces prévisions, une nouvelle tranche indiciaire serait déclenchée au quatrième trimestre de 2022. Le Statec rappelle aussi que le prix du gaz au Luxembourg est censé augmenter de près de 90 % jusqu’à la fin de l’hiver et le prix de l’électricité d’au moins 35 % en janvier 2023. Néanmoins, des incertitudes pouvant impacter l’inflation sont toujours présentes. Une dépréciation accrue de l’euro vis-à-vis du dollar ainsi qu’une réduction supplémentaire des livraisons de gaz russe stimuleraient davantage l’inflation. La fin de l’année sera compliquée…