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Secteur de la banque privée au Luxembourg : une clientèle en hausse


La «personne à valeur nette élevée» doit posséder des actifs investissables, hors résidence principale, d’au moins un million de dollars (Photo : AFP)

Les banques luxembourgeoises se portent bien, notamment dans le secteur de la banque privée. Ce département est généralement dédié aux clients ayant besoin de services financiers sophistiqués afin de pouvoir gérer leurs importants avoirs financiers et leur patrimoine.

En début de semaine, l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) a fait savoir que les actifs gérés par les banques privées au Luxembourg ont plus que doublé en l’espace d’une décennie, atteignant 466 milliards d’euros. Selon l’étude dont est issu ce chiffre, le Private Banking Group Survey 2019, le secteur de la banque privée connaît donc une très belle croissance alors même que les prévisions des banquiers de la place luxembourgeoise tablaient sur un total des actifs à 450 milliards d’euros.

Toujours selon cette enquête, la clientèle très riche, voire ultrariche, est en progression au Luxembourg. «La clientèle de la banque privée continue d’évoluer vers des clients à valeur nette élevée et très élevée, avec une augmentation de la part des clients dotés de plus de 20 millions d’euros», souligne l’ABBL dans sa communication. Les avoirs de cette clientèle dite UHNWI (ultra-high-net-worth individuals) augmentent d’année en année et représentent 58 % du total des actifs en 2019 selon l’étude. De plus, la part des clients avec moins d’un million d’euros continue de diminuer. «Si les avoirs de cette clientèle moins fortunée pesaient 13 % en 2015 sur le total des actifs, ils ne pèsent plus que 8 % en 2019», précise l’ABBL. Toute la question est de savoir si cette clientèle fortunée est passée dans les strates supérieures ou bien si elle est retombée dans la banque de détail. Interrogé sur la question en juillet dernier, Robert van der Eijk, vice-président exécutif et directeur de Capgemini Invent, de passage au Luxembourg, avait tenté de répondre à la question : «Si cela est bien géré, l’actif du client ne devrait pas diminuer. Mais on a déjà pu voir que l’argent pouvait filer très vite en fonction du profil du client.»

Moins de banques privées

Il faut comprendre que dans le monde de la finance un millionnaire n’est pas juste une personne avec de l’argent. C’est une «personne à valeur nette élevée», en abrégé un «HNWI» pour «high-net-worth individual» en anglais. Ce terme désigne une personne avec des actifs investissables, hors résidence principale, d’au moins un million de dollars. Juste en dessous d’un HNWI, on trouve les «nantis de masse», c’est-à-dire les personnes ayant entre 100 000 dollars et 1 million de dollars d’actifs investissables. Dans le sens inverse, les personnes avec des actifs investissables allant de 1 à 5 millions de dollars sont nommées les «millionnaires du pas de la porte». À plus de 20 à 30 millions de dollars, on parle alors d’ultra-HNWI ou UHNWI.

En juillet dernier, selon le rapport World Wealth Report 2020 de Capgemini, près de 6,42 % de la population du pays dispose de plus d’un million d’euros d’actifs investissables. Environ 40 200 millionnaires vivraient donc au Luxembourg. Concernant les milliardaires, la seule donnée remonte à 2014 et au World Ultra Wealth Report, du cabinet Wealth-X et de la banque suisse UBS, qui estime leur nombre à 17 pour des actifs à 61 milliards d’euros. À noter que ce rapport précisait qu’aucun des 17 milliardaires en question n’était natif du Luxembourg. L’enquête de l’ABBL montre que les avoirs proviennent pour 85 % d’une clientèle européenne, dont 21 % résident au Luxembourg et 17 % dans les pays voisins. Des chiffres stables par rapport à 2018. Pour gérer cette clientèle haut de gamme, le secteur de la banque privée luxembourgeois employait 6 224 personnes à plein temps en 2019, contre 6 676 personnes en 2018. La diminution de 6,8 % du nombre des employés se situe notamment au niveau du contact avec la clientèle. Il faut également indiquer que le nombre de banques privées a aussi baissé, passant de 57 à 54.

Dans son analyse, l’ABBL souligne que les perspectives sont «belles» pour le secteur de la banque privée. Le Brexit, qui n’est pas encore terminé, a par exemple «confirmé l’attractivité de la place financière luxembourgeoise», puisque de nombreuses institutions ont choisi le Luxembourg comme point d’ancrage pour s’implanter en Europe et assurer à leurs clients la continuité de leurs services au sein du marché unique. Cependant, les banques privées redoutent l’augmentation croissante des coûts liés à la réglementation, un environnement de taux négatif, la nécessité d’investir dans des systèmes opérationnels et la création de nouveaux produits et services. Ces nombreux points peuvent en effet exercer une pression sur la profitabilité du secteur.

Jeremy Zabatta