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Secteur aérien britannique : du plomb dans l’aile


On ne se bouscule pas à Heathrow. L'aéroport londonien a transporté le mois dernier autant de personnes qu'au cours d'une journée en temps normal : 200 000 (photo : AFP).

Le secteur aérien britannique affichait lundi son incompréhension et son inquiétude face à la quarantaine annoncée par le gouvernement pour les voyageurs entrant au Royaume-Uni au moment où le secteur fait face à une crise historique.

Heathrow, d’ordinaire l’aéroport le plus fréquenté en Europe et un hub pour le trafic aérien mondial, a annoncé dans un communiqué avoir subi un effondrement de 97 % du nombre de voyageurs, à 200 000 le mois dernier, essentiellement des personnes rapatriées de l’étranger après le début du confinement. C’est en temps normal le nombre de passagers transportés en une seule journée, précise Heathrow qui ne prévoit pas de reprise du trafic à court terme.

Willie Walsh, patron du groupe aérien IAG, maison mère de British Airways, n’a pas caché son opposition lundi à l’idée d’une quarantaine, devant la commission des Transports du Parlement britannique. Martelant que British Airways luttait pour sa survie, M. Walsh a souligné que les quatorze jours d’isolement à l’arrivée par avion au Royaume-Uni à partir du 13 mai allaient « sans aucun doute aggraver les choses ». « Nous avions prévu de reprendre, assez significativement, nos vols en juillet. Je pense que nous aurons à revoir cela », a-t-il prévenu, rappelant qu’il n’attend pas de retour au niveau de trafic d’avant la Covid-19 avant 2023 ou 2024, voire 2026.

Le deuxième pays le plus endeuillé du monde (environ 32 000 morts) par la pandémie va tout juste assouplir ses mesures de confinement qu’il maintiendra pour l’essentiel dans les prochaines semaines. Heathrow prévoit de tourner encore au ralenti jusqu’à ce que les gouvernements suspendent les mesures de confinement et en raison de la quarantaine qui devrait être instaurée.

Suppressions de postes à British Airways, Virgin Atlantic au bord de la faillite…

De son côté, la compagnie EasyJet demande que la quarantaine ne soit « en place que pour une courte période pendant que le Royaume-Uni reste en confinement ». Elle souhaite que ces mesures soient « ciblées et proportionnées » pour ne pas compromettre le « rôle qu’aura à jouer le secteur aérien dans la reprise économique ». Willie Walsh a par ailleurs justifié la suppression de 12 000 postes chez British Airways, soit plus d’un quart des effectifs, en affirmant que c’est une question de « survie » pour la compagnie qui engrange le plus de bénéfices mais affiche aussi les coûts fixes les plus élevés du groupe IAG, selon lui. « Tous ceux qui pensent que (traverser cette crise) sera facile rêvent », a-t-il insisté.

Virgin Atlantic est notamment au bord de la faillite et son fondateur le milliardaire Richard Branson va vendre pour 500 millions de dollars d’actions de la compagnie de tourisme spatial Virgin Galactic afin de renflouer le transporteur aérien et ses autres activités frappées par la pandémie. Outre l’avenir de certaines compagnies aériennes, c’est également celui de l’aéroport londonien de Gatwick qui est en jeu. Virgin Atlantic a décidé d’y arrêter pour l’heure ses activités. M. Walsh a assuré qu’il voyait un avenir pour British Airways à Gatwick, qu’il juge « par bien des aspects mieux géré qu’Heathrow ».