Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz est confronté à une journée délicate mercredi, où il va devoir s’expliquer à plusieurs reprises devant les députés sur deux énormes scandales financiers qui ont récemment secoué son pays.
Lors de questions au gouvernement dans l’après-midi, celui qui ambitionne au nom du parti social-démocrate de succéder à Angela Merkel à la tête du gouvernement allemand va devoir affronter une pluie de questions embarrassantes. En cause notamment: la société de paiement en ligne Wirecard, ex-coqueluche de la Bourse de Francfort avant qu’elle ne s’effondre comme un château de cartes en juin après la révélation d’un trou de deux milliards d’euros dans ses comptes.
Dans la matinée déjà, il a été convoqué devant la commission des finances du Bundestag à propos d’un autre scandale retentissant, celui d’une fraude fiscale orchestrée par des investisseurs, dit Cum-ex, qui aurait coûté 5,5 milliards d’euros aux caisses de l’Etat selon les estimations officielles.
Liens avec une banque
Le ministre doit en particulier s’expliquer sur l’abandon d’une créance au profit d’une banque de Hambourg impliquée dans le scandale, la Warburg Bank, alors qu’il était maire de la ville, ainsi que sur ses liens avec le patron de cette institution, Christian Olearius. Les quotidiens Süddeutsche Zeitung et Die Welt ont ainsi révélé qu’il avait eu des contacts plus rapprochés qu’il n’avait admis avec lui.
La porte-parole des Verts sur les questions financières, Lisa Paus, a demandé mercredi que Scholz rende publique sa correspondance avec Warburg Bank. Son homologue du parti libéral FDP, lui aussi dans l’opposition, Florian Toncar, a lui réclamé dans le groupe de presse RND que le ministre dissipe par une enquête active « le soupçon intolérable que la Warburg Bank ait pu bénéficier d’un traitement préférentiel afin de conserver des fonds obtenus de manière criminelle ».
Au sein du parti social-démocrate (SPD), le secrétaire-général du groupe parlementaire, Carsten Schneider, a dénoncé en retour des manœuvres politiciennes contre Scholz, qui est le candidat du parti pour la chancellerie dans un an. « Ils tentent de discréditer la personne du ministre fédéral des Finances, qui a jusqu’ici réussi à maîtriser les effets de la crise sur le système de santé et l’emploi en Allemagne, et veulent ainsi nuire au candidat du SPD à la chancellerie », a-t-il déclaré sur t-online.
Sondages en berne
Alors qu’il comptait en effet capitaliser sur sa gestion jugée bonne pendant la pandémie de nouveau coronavirus, son implication dans ces scandales n’aident pas à le faire décoller dans les sondages: le SPD n’est crédité que de 16% des intentions de vote en moyenne contre 36% pour la CDU de Mme Merkel.
Scholz a promis de se montrer totalement transparent et a annoncé vouloir réformer rapidement les règles de surveillance des entreprises afin d’éviter qu’un nouveau scandale Wirecard ne se produise. Entre autres choses, l’audit et le conseil doivent être plus strictement séparés.
Il veut aussi donner plus de pouvoirs et de moyens à la BaFin, l’autorité allemande des marchés financiers et de la régulation bancaire mise en cause pour son inaction. Depuis cinq ans déjà, la presse se fait l’écho de soupçons d’irrégularités dans le modèle économique de Wirecard.
Début 2019, le Financial Times avait même publié une enquête approfondie sur des soupçons de fraude en Asie. Ces informations, restées sans conséquences pour Wirecard, ont déclenché en revanche une enquête judiciaire visant les journalistes. Or selon un rapport produit par son ministère, Olaf Scholz était au courant dès 2019 d’une enquête secrète de la BaFin visant Wirecard.
Les partis d’opposition se sont de leur côté mis d’accord pour demander jeudi la mise en place d’une commission d’enquête sur Wirecard.
AFP