Le groupe pharmaceutique français Sanofi va acquérir la biotech américaine Principia Biopharma pour environ 3,7 milliards de dollars, lui permettant de se renforcer dans le traitement des maladies auto-immunes et allergiques, un de ses axes de développement.
« Cette acquisition fait progresser la transformation en cours de notre R&D qui a pour but d’accélérer le développement des médicaments les plus prometteurs », a souligné le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, cité dans un communiqué. Sanofi avait déjà noué en 2017 un partenariat avec Principia Biopharma, lui donnant accès à une licence exclusive mondiale pour développer et commercialiser un candidat médicament (BTK’168) de la biotech américaine dans le traitement de la sclérose en plaques et d’autres maladies du système nerveux central.
L’acquisition de Principia est un pas important pour nous », a déclaré Paul Hudson, en rappelant que Sanofi avait déjà engagé « une grande collaboration » avec cette entreprise. L’opération va donner à Sanofi « une accélération de l’ensemble de la R&D beaucoup plus rapide que ce nous aurions peut-être pu faire en interne », a-t-il estimé. Sanofi pourra ainsi « aller beaucoup plus vite » dans un domaine où le groupe est déjà présent, comme la sclérose en plaques, a résumé Paul Hudson. La prise de contrôle de Principia va aussi permettre à Sanofi de simplifier la future commercialisation du BTK’168, selon le groupe.
Sclérose en plaques et pemphigus
Principia Biopharma est spécialisée dans la recherche sur les inhibiteurs de tyrosine kinase, des petites molécules aptes à bloquer les phénomènes d’inflammation présents dans les maladies auto-immunes. Le programme d’essais cliniques menés avec le BTK’168 dans le traitement de la sclérose en plaques récurrente-rémittente ont montré un « solide effet potentiel » sur la progression de la maladie, a indiqué Sanofi. Il a conduit au lancement d’études de Phase III, la dernière étape d’essais avant le dépôt d’une demande d’autorisation du médicament, dans le traitement de différentes formes de sclérose en plaques. Le premier patient de cette Phase III a été recruté en juin.
Outre ce produit, Principia Biopharma mène des recherches sur d’autres molécules, dont notamment le rilzabrutinib qui est entré en essais de Phase III dans le traitement d’une maladie auto-immune rare et invalidante, le pemphigus, qui provoque l’apparition de cloques sur la peau et les muqueuses. « Tant le BTK’168 que le rilzabrutinib ont le potentiel de devenir de véritables produits à multiples indications », a estimé le docteur John Reed, responsable monde de la recherche et développement de Sanofi.
Achat aussi de Synthorx, spécialisé en immuno-oncologie
Le projet d’acquisition a été approuvé à l’unanimité par les conseils d’administration de Sanofi et de Principia, a précisé Sanofi. Le groupe français « procédera à l’acquisition de la totalité des actions en circulation de Principia au prix de 100 dollars l’action, ce qui représente une transaction en numéraire valorisée approximativement à 3,68 milliards de dollars », selon le communiqué.
L’offre publique d’achat devrait être finalisée au quatrième trimestre 2020. Sanofi prévoit de financer l’opération avec sa trésorerie disponible. Les analystes de Jefferies ont noté que l’opération présentait « un risque relativement faible, avec des options à long terme », et « correspond à la stratégie d’acquisitions ciblées » du groupe.
En début d’année, Sanofi avait finalisé l’acquisition de la biotech américaine Synthorx, spécialisée en immuno-oncologie, pour 2,5 milliards de dollars. Plus récemment, le groupe français a annoncé en mai la cession de l’essentiel de sa participation au capital de son partenaire américain Regeneron pour près de 12 milliards de dollars. À la Bourse de Paris, vers 16 h 28 ce lundi, l’action Sanofi s’appréciait de 1,11 % à 86,42 euros, dans un marché en hausse de 0,16 %.
Recherche d’un vaccin contre le coronavirus
Parallèlement à ses programmes de recherche en oncologie et dans le traitement de maladies auto-immunes, Sanofi, qui est l’un des principaux acteurs dans le domaine des vaccins, développe un candidat-vaccin contre le nouveau coronavirus en collaboration avec le britannique GSK. Fin juillet, ce candidat-vaccin a été sélectionné à la fois par l’administration américaine et les autorités européennes. Sanofi et GSK vont recevoir jusqu’à 2,1 milliards de dollars des États-Unis contre la fourniture initiale de 100 millions de doses. Washington dispose en outre d’une option pour la fourniture de 500 millions de doses supplémentaires. Du côté européen, la Commission a réservé, au nom des 27 États membres, 300 millions de doses du vaccin en préparation.
AFP/LQ