Accueil | Economie | Salaire au Grand-Duché : lire entre les lignes

Salaire au Grand-Duché : lire entre les lignes


Pondéré avec le coût de la vie, l’écart entre le salaire annuel brut moyen luxembourgeois et celui des autres pays en Europe se réduit. Mais pas assez pour perdre la première place. (Photo Archives LQ)

Le salaire annuel brut moyen au Grand-Duché s’élève à 64 932 euros. Mais ce chiffre doit être nuancé, a indiqué hier le Statec. Explications.

Le chiffre risque d’alimenter bon nombre de discussions au bureau ou sur les terrasses des cafés. D’après les résultats de la dernière enquête européenne sur la structure des salaires, le Luxembourg affiche le salaire annuel brut moyen le plus élevé de l’Union européenne. Avec 64 932 euros, le salaire annuel brut moyen du Grand-Duché est le plus élevé de l’Union européenne. Cela représente 182 % de la moyenne européenne, alors que la Bulgarie affiche 8 147 euros, soit 23 % de la moyenne européenne. Mais, hier, le Statec a dévoilé une analyse pondérant quelque peu ces chiffres.

Selon l’Institut, la plupart des statistiques internationales se basent sur un salaire moyen (ou médian) déterminé sur l’ensemble de l’économie d’un pays. Or celui-ci est largement influencé par la composition de l’emploi en termes de branches d’activité, les niveaux de spécialisation requis variant fortement d’une branche à une autre. Au Grand-Duché, les activités financières et d’assurance occupent une place dominante : elles représentent 13 % de l’emploi salarié. Les activités spécialisées, scientifiques et techniques, en représentent encore 9 %. Ces deux branches emploient donc à elles seules 22 % des salariés, contre seulement 8 % en Belgique, 9 % en Allemagne et 11 % en France. Or il s’agit de deux des trois branches les mieux rémunérées et occupant principalement des diplômés du supérieur. L’impact sur le salaire moyen en est donc très important, souligne le Statec.

Au contraire, le fait qu’avec 11 % des salariés, la branche de la construction est un employeur beaucoup plus important au Luxembourg que dans les autres pays européens (5 % en moyenne) joue dans le sens contraire, les salaires moyens étant relativement bas dans ce secteur. D’autres branches jouent un rôle plus faible au Luxembourg qu’ailleurs : le commerce par exemple n’y occupe que 11 % des salariés, contre 15 % dans la zone euro. Mais l’écart est encore plus important au niveau de l’industrie. Cette branche occupe seulement 10 % des salariés au Luxembourg, alors qu’elle représente 22 % des emplois dans l’Union européenne, et même 24 % en Allemagne. La santé et l’enseignement représentent également une part plus faible dans l’emploi que dans les pays voisins.

Le coût de la vie au Grand-Duché

Le Statec poursuit en expliquant que l’écart de salaire entre les pays se réduit considérablement si l’on prend en compte le pouvoir d’achat. Si l’on corrige ainsi ce salaire annuel brut en prenant en compte le fait que le pouvoir d’achat d’un euro n’est pas le même dans les différents États membres, l’écart s’amenuise : le salaire annuel brut moyen du Luxembourg, exprimé en SPA (standard de pouvoir d’achat) n’est alors plus que de 145 % de celui de l’UE alors que le salaire moyen en Bulgarie en représente 45 %. L’écart entre le Luxembourg et la Bulgarie se réduit donc. Autre exemple : le salaire annuel brut moyen en France représente 58 % du salaire moyen luxembourgeois (67 % en SPA), celui de la Belgique 71 % (80 % en SPA) et celui de l’Allemagne 69 % (84 % en SPA).

Le Grand-Duché dispose du salaire minimum légal le plus élevé de l’Union européenne. Toutefois, là aussi, les écarts entre pays se réduisent considérablement si l’on ajuste les salaires minimums par le pouvoir d’achat réel qu’ils procurent. Le salaire minimum de l’Allemagne s’établit alors à 90 % de celui du Luxembourg. Pour la Belgique et la France, les chiffres sont de 85 % et 82 %.

Les salaires moyens sont effectivement significativement plus élevés au Luxembourg que dans les pays voisins au niveau de certaines branches, comme l’enseignement, l’administration publique, la santé et l’action sociale et les activités financières et d’assurance. Par contre, dans d’autres branches, l’écart est moins important et le Luxembourg affiche même des salaires moyens inférieurs à ceux de certains de ses voisins! C’est le cas pour les activités des services administratifs et de soutien, l’Horeca, le commerce, la construction et l’industrie.

En atteignant 15 % de la rémunération, la part moyenne des primes non régulières (primes et bonus de fin d’année, 13e mois, etc.) dans les salaires annuels est particulièrement élevée au Luxembourg. Il s’agit du troisième pourcentage le plus élevé derrière l’Autriche et le Portugal. La moyenne européenne est de 8 % seulement. Si ces bonus et primes de fin d’année ont un impact important sur le salaire moyen du pays, ils sont toutefois concentrés sur quelques branches (activités financières et d’assurance et activités spécialisées, scientifiques et techniques comptent pour presque la moitié de tous les bonus versés).

De plus, souligne le Statec, dans certaines régions d’Europe, le salaire horaire moyen est supérieur à celui du Luxembourg. Si l’on prend comme référence le salaire horaire en standard de pouvoir d’achat, l’écart salarial entre le Luxembourg et les régions limitrophes est assez faible (hormis avec le Grand Est français). Certaines régions de l’Union européenne (Hambourg, Bavière, Île-de-France) ou de l’Europe hors UE (Suisse, Londres) présentent par contre des salaires horaires moyens dépassant ceux du Luxembourg. Salaires horaires moyens en standard de pouvoir d’achat (SPA). Vous voilà armé pour demander une augmentation de salaire à votre patron…

Laurent Duraisin

2 plusieurs commentaires

  1. jean paul DELBECQ

    vive charly gaul !!!!! l argent n’est pas tout dans la vie !

  2. Vous voila arméS