La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé lundi un bénéfice annuel en hausse de plus d’un tiers, porté par une hausse des passagers et des tarifs – mais les prix vont se tasser cet été, faute de demande suffisante.
La compagnie a pu compter sur « un premier semestre record et un fort trafic pour Pâques fin mars », a indiqué dans un communiqué le directeur général de la compagnie Michael O’Leary.
Le résultat net est ressorti en hausse de 34 % à 1,92 milliard d’euros pour l’exercice annuel 2023/24 achevé fin mars, pour un chiffre d’affaires amélioré d’un quart à 13,44 milliards d’euros.
Le résultat a été porté par un trafic en hausse de 9 % à 183,7 millions de passagers tandis que le tarif moyen a augmenté de 21 % à 49,80 euros.
La compagnie, qui avait inauguré en novembre le premier dividende régulier de son histoire, avec 400 millions d’euros distribués aux actionnaires, a aussi annoncé lundi un rachat d’actions de 700 millions d’euros.
Mais l’entreprise prévient qu’elle s’attend à une « hausse modeste » de ses coûts par siège pour l’exercice qui démarre et table sur des tarifs stables ou en modeste hausse sur un an pour le pic estival, moins que prévu.
« Il est un peu surprenant » que les prix ne soient pas plus élevés sur cette période, « et nous ne savons pas vraiment s’il s’agit simplement du sentiment des consommateurs ou de craintes associées à la récession en Europe », a indiqué Michael O’Leary dans une présentation en ligne des résultats.
La compagnie n’hésitera pas à baisser les prix si cela s’avère nécessaire pour maintenir son taux de remplissage, a-t-il ajouté.
Cela n’est cependant « pas décevant étant donné que nous sortons de deux étés où les prix ont augmenté de 20 % » avec le redémarrage de la demande de voyages dans la foulée de la pandémie de Covid-19, a assuré le patron un peu plus tard au cours d’une conférence d’analystes.
Selon lui, les prix continueront à augmenter modestement au cours des étés 2024 et 2025 en raison « d’importantes contraintes de capacité dans toute l’Europe », avant de se stabiliser.
« Excellents avions »
« Même si les gens commencent à se sentir un peu mieux avec la baisse de l’inflation, ils restent prudents, ce qui pourrait avoir un impact sur le nombre de sièges vacants une fois le pic estival passé », selon Danni Hewson, analyste chez AJ Bell.
Le titre de Ryanair à la Bourse de Dublin évoluait en baisse de 1,25 % à 18,11 euros vers 13 h 30.
Si la compagnie a vu lors de son exercice 2023/24 ses coûts d’exploitation augmenter d’un quart, notamment dans la foulée des coûts du carburant, les retards de livraison de Boeing ont aussi pesé sur le résultat et le trafic.
« Nous négocions une modeste compensation de la part de Boeing. Mais cela ne couvrira pas la perte de revenus et les augmentations de coûts qui résultent du manque de 20 avions sur les 39 livraisons (prévus à l’origine) cet été », a pointé Michael O’Leary.
Pour autant l’avionneur américain « fabrique toujours d’excellents avions », a-t-il souligné, alors que l’image de Boeing a pâti d’un incident spectaculaire début janvier quand une porte obstruée de la carlingue d’un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s’est décrochée en vol.
La compagnie avertit que les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, les perturbations du contrôle aérien ou de nouveaux retards de livraison de Boeing pourraient peser, mais espère tout de même mettre en œuvre le plus important programme de vol estival de son histoire.
Ryanair prévoit d’augmenter son trafic de 8 % lors de l’exercice en cours, pour atteindre entre 198 et 200 millions de passagers. La compagnie vise 300 millions de passagers d’ici à 2034.
Par ailleurs, un différend entre Ryanair et des agences de voyages en ligne « a provoqué une baisse du trafic passagers et une réduction de 5 % des revenus » sur l’exercice achevé, selon Olly Anibaba, analyste chez Third Bridge, pour qui « la résolution de ce problème » devrait être positive pour la compagnie.
Plusieurs agences de voyages en ligne, comme Booking.com, Kiwi ou Kayak, avaient arrêté en décembre de vendre les billets Ryanair, alors que la compagnie dénonçait de longue date les pratiques de ces entreprises, affirmant que de nombreux sites vendaient ses billets plus chers.
Elle a depuis janvier normalisé ses relations avec plusieurs de ces opérateurs, par des accords autorisant la vente de ses vols.