La nouvelle convention entre l’État et RTL Group qui entrera en vigueur en 2024 assurera une enveloppe de 15 millions d’euros pendant sept ans. Un projet de loi est promis avant la fin de l’année.
Il manquait le montant, il a été dévoilé mardi après-midi aux députés réunis en commission. L’État versera finalement 15 millions d’euros annuellement à RTL à partir de 2024, date du renouvellement de la convention qui s’étalera sur une durée de sept ans, contre trois actuellement. Ce sont cinq millions de plus, et cette fois, non seulement la télé, mais également la radio est concernée.
Le calcul est vite fait. L’investissement sur sept ans s’élève à 105 millions d’euros ce qui nécessite un passage obligé par la voie législative. «Il y aura certainement un projet de loi avant la fin de l’année», assure d’ailleurs Diane Adehm, membre de la commission de la Digitalisation, des Médias et des Communications, à l’issue de la réunion qui fut également la dernière pour Paul Konsbruck, sur le départ. Le directeur de cabinet du Premier ministre Xavier Bettel, également en charge des médias, prendra la direction de l’entreprise étatique Luxconnect le mois prochain après sept ans passés au service du ministère d’État. Cet ancien journaliste d’Eldoradio, destiné à rejoindre la rédaction en chef de RTL Radio avait finalement dévié de trajectoire après la victoire des libéraux en 2013.
Il connaît bien la maison RTL. Il représente le gouvernement auprès de la CLT-UFA, c’est dire si les termes de cette convention lui sont parfaitement connus. Mardi, vingt minutes avant le début de la réunion, selon la députée Diane Adehm, les députés ont reçu entre les mains un avis juridique de 17 pages qu’ils n’ont pas eu le temps «d’étudier en profondeur» comme le regrette la députée chrétienne-sociale.
Au printemps dernier, Xavier Bettel avait informé les députés sur les changements contenus dans la nouvelle convention. Sa durée par exemple, qui passe de trois à sept ans, l’inclusion de la radio dans le contrat, même si elle est déjà présente dans le cahier des charges, appelée à proposer des programmes d’éducation aux médias.
L’avis juridique indique de son côté qu’il faut veiller à plafonner la participation de l’État et à interdire à tout salarié du groupe de faire partie de la commission de suivi de la convention. «Détails insignifiants», selon Diane Adehm.
Radio Ara s’inquiète
C’est surtout Sven Clement qui était attendu à la sortie de cette commission. Le député pirate qui avait exigé et obtenu un droit de regard du Parlement sur les termes de la convention que le gouvernement rechignait à dévoiler, n’a pas commenté la réunion, ni le montant, nous indiquant qu’il avait eu du mal à suivre «à cause de la panne d’électricité en ville». Pour une fois qu’il ne vole pas la vedette au premier parti de l’opposition…
Mais le CSV va-t-il se dresser contre les termes de cette nouvelle convention et de l’investissement qu’elle représente ? «Le contrat permet à la télé et à la radio de continuer à exister», résume Diane Adehm. L’État qui finance déjà une radio de service public, 100,7, soutiendra également la radio associative, Radio Ara, qui elle, en revanche s’inquiète de voir RTL radio appelée à marcher sur ses platebandes.
«Radio Ara a contacté les députés pour dire leurs craintes alors qu’elle s’occupait déjà de l’éducation aux médias avec deux éducateurs subventionnés par le ministère de l’Éducation nationale», indique Diane Adehm. Il suffit que RTL Radio se lance dans une programmation en anglais, ce que fait déjà Radio Ara, et la petite station associative est promise à une mort assurée vu sa faible couverture sur le territoire.
Ce sujet reviendra sur la table lors du vote de la loi de financement qui assurera à RTL Group 15 millions d’euros annuellement jusqu’en 2030. Pourquoi donc vouloir absolument voter cette loi d’ici à la fin de l’année alors que la nouvelle convention n’entrera en vigueur qu’en 2024 ? «C’est une question de prévisibilité comme nous l’indique le gouvernement. Les partis de la majorité nous répètent qu’il y a des postes à sauver et que les salariés doivent savoir à quoi s’attendre», informe la députée.
Évidemment, pour le premier parti de l’opposition, «il y a très peu d’angles d’attaque dans ce dossier», comme l’admet bien volontiers Diane Adehm. La sauvegarde du siège historique de RTL Group au Luxembourg a toujours été une priorité pour les gouvernements successifs. Et les politiques ne peuvent pas se permettre de se mettre à dos un média aussi populaire.
Geneviève Montaigu