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Roberto Scolati (Aleba) : «La place financière se porte vraiment bien»


"Aujourd'hui, la place se porte mieux que ce qu'annonce le patronat », assure Roberto Scolati, le président de l'ALEBA. (photo François Aussems)

Le président de l’ALEBA, Roberto Scolati, juge que la place financière est en bonne santé, malgré les restructurations.

Il affirme qu’une convention collective de travail devrait être possible pour le secteur des fonds. Pour lui, les technologies financières permettront «un repositionnement de l’opérationnel bancaire».

« Aujourd’hui, la place se porte mieux que ce qu’annonce le patronat », certifie d’emblée Roberto Scolati, le président de l’ALEBA, le premier syndicat des employés de banques et assurances de la place financière luxembourgeoise. Selon lui, les résultats de la place financière luxembourgeoise sont «honorables » dans un environnement économique « pas très porteur à cause des taux d’intérêt négatifs ». Si on compare les résultats de 2015 et « ceux déjà annoncés pour les premiers mois de l’année, la place se porte vraiment bien », insiste-t-il.

Pourtant, à la mi-mai 2015, la direction de la Commerzbank et les syndicats du secteur ont signé un plan social. Au final, 90 personnes, sur les 110 prévues, perdront leur emploi. « À ce niveau-là, on n’est pas encore sortis du tunnel », affirme le président du syndicat, qui pense que dans les prochains mois, il y aura encore des restructurations.

Une possible CCT pour les fonds

Ça n’est un secret pour personne. La place, qui compte actuellement plus de 46 000 salariés dans les quatre secteurs qui la composent (banque, assurances, fonds et professionnels du secteur financier), connaît depuis plusieurs mois des mouvements de personnels. En clair, les anciens salariés de banques ou d’assurances se dirigent de plus en plus vers les PSF et les fonds.

Un secteur sans organisation patronale ni convention collective de travail (CCT). Roberto Scolati estime que cette dernière «devrait être possible» . En attendant, certaines entreprises du secteur ont créé une «convention d’entreprise». S’alignant en partie sur la convention collective des banques, elle permet de protéger les salariés.

La transformation de la place financière amène à se poser la question de la qualification des salariés. Doivent-ils être plus spécialisés pour qu’elle garde son niveau actuel? Le président de l’ALEBA est partagé. D’un côté, il estime qu’« il faudra des spécialistes dans des domaines bien spécifiques en ce qui concerne le digital ». De l’autre, il juge qu’il existe un vrai danger, celui de la disparition de certains postes avec la digitalisation. Quelques métiers listés dans la convention collective des banques dans les groupes I et II (les plus bas en termes de qualification et de salaire) n’existent plus aujourd’hui dans certaines banques qui préfèrent faire appel à un prestataire de service extérieur.

Les technologies financières déjà bien présentes ne vont pas, d’après Roberto Scolati, encore transformer la place financière. « Elles vont permettre un repositionnement de l’opérationnel bancaire », souligne-t-il. Par cette expression, il faut entendre que toute opération de Bourse sera accessible via une application de son smartphone.

Le contact humain restera

Roberto Scolati affiche cependant son optimisme : « Je crois que pas mal de clients préfèreront un contact humain avec un gestionnaire. » Il en est convaincu : « Ce n’est pas une application qui va donner un conseil pour un crédit et qui dira comment investir. »

L’ALEBA, qui a vécu en 2015 une année de transformation, s’apprête, fin 2016, avec les autres syndicats, à négocier la convention collective pour les années à venir. La campagne intitulée «Contribute to the future», qui « marche bien », selon Roberto Scolati, et qui est une première dans l’histoire du syndicat, invite les membres à communiquer leurs idées dans le but de compléter le cahier de revendications commun aux trois syndicats. Affaire à suivre…

Aude Forestier