L’accord a été signé mercredi matin : le groupe allemand SMS est désormais l’actionnaire unique de Paul Wurth. Une reprise en main qui n’aura pas d’impact sur les emplois.
Paul Wurth, c’est plus de 150 ans d’histoire et de révolutions industrielles. Dernière révolution en date : la reprise par SMS de ses activités industrielles à ses actionnaires publics luxembourgeois, l’État, la Spuerkeess et la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI). Soit 29,7% de parts que le groupe allemand ne possédait pas encore. Le premier groupe mondial dans l’ingénierie pour l’industrie des métaux était entré au capital de l’entreprise luxembourgeoise en 2012 en reprenant les parts d’ArcelorMittal et de Luxempart. L’État avait racheté les parts de Fortis Banque Luxembourg à la suite de la crise financière de 2008 et «c’était le moment de les revendre et cela faisait sens», a indiqué le ministre de l’Économie, Franz Fayot, mercredi.
«Cette décision est due à l’évolution des technologies. Nous sommes tous confrontés aux défis environnementaux. Huit pour cent des émissions mondiales de CO2 sont dues à l’industrie sidérurgique. Si nous voulons pouvoir continuer à nous développer à long terme, nous devons maîtriser les émissions de CO2», explique Michel Wurth, président du conseil d’administration de Paul Wurth SA. «Les compétences de Paul Wurth et de SMS sont requises dans ce domaine. La logique industrielle a changé et nous avons décidé d’allier nos compétences et nos ressources technologiques ainsi qu’humaines.» La production d’une tonne d’acier génère deux tonnes d’émissions de CO2.
La réduction de ces émissions et la quête de l’acier vert ne seront donc dans l’immédiat pas une menace pour l’emploi des salariés de Paul Wurth, selon Franz Fayot. De nouvelles embauches auront même lieu progressivement en fonction des nouvelles compétences nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise qui veut pouvoir rapidement se positionner sur ce nouveau marché. «Au cours des prochaines décennies, des technologies de décarbonisation remplaceront les hauts-fourneaux et les cokeries classiques dans les aciéries intégrées, indique Edwin Eichler, président du groupe SMS. Le développement de solutions digitales pour des processus d’auto-apprentissage va également gagner en importance. Ce bouleversement de l’industrie sidérurgique mondiale est le bon moment pour Paul Wurth et SMS de réunir leur expertise métallurgique dans un seul fournisseur de solutions intégrées.» Avec la bénédiction du gouvernement luxembourgeois, dont deux représentants siégeront au conseil d’administration.
15 milliards de tonnes d’acier vert d’ici 2030
Des projets d’envergure dans le secteur de la sidérurgie seraient en cours de planification en Europe. «Entre 2025 et 2030, jusqu’à 15 millions de tonnes d’acier pourront être produites avec ces nouvelles technologies. Ils devront trouver des financements, de l’énergie verte et fonctionner avec de l’hydrogène. Cela représentera 10 milliards d’investissements, indique Edwin Eichler. L’Europe devra être leader sur le marché mondial à ce moment.» Trente à 50 millions de tonnes d’acier vert pourraient être produites dans les dix prochaines années. L’ère des projets pilotes en la matière est terminée et Paul Wurth doit se positionner. La future gamme de services comprendra les technologies de réduction des émissions de CO2 dans les aciéries existantes, la réduction directe du minerai de fer à base d’hydrogène sans émissions, ainsi que des technologies Power-to-X pour la production de combustibles synthétiques et de produits en aval.
Des services que les équipes de Paul Wurth et de SMS continueront d’affiner, notamment avec l’université du Luxembourg. Un partenariat a été signé pour renforcer la recherche scientifique et le développement de technologies de l’hydrogène au Luxembourg. Ces équipes vont être réunies sur un même site, dans un nouveau siège, au cœur du nouveau quartier de Hollerich. Il a d’ailleurs été confirmé mercredi que l’activité immobilière de Paul Wurth sera transférée dans une nouvelle société dans laquelle les trois actionnaires publics luxembourgeois et SMS seront les copropriétaires.
Sophie Kieffer