Le président du superviseur bancaire en zone euro plaide mardi pour la création d’une structure privée débarrassant les banques de leurs prêts en souffrance, dont le volume menace d’exploser dans le sillage de la pandémie de Covid-19.
La Banque centrale européenne estime que le stock des créances douteuses dans les banques de la zone euro pourrait, en partant d’environ 500 milliards d’euros avant la pandémie, grimper à « 1 400 milliards d’euros », prévient Andrea Enria, dans une tribune publiée sur le site de la BCE.
Pour absorber cette montagne de prêts en souffrance, « une société de gestion d’actifs européenne serait une solution efficace », à défaut un « réseau européen de sociétés nationales de gestion d’actifs », assure Andrea Enria, qui n’en est pas à son premier plaidoyer en la matière.
Ces crédits à la consommation, automobiles et immobiliers, sont des prêts dont l’emprunteur est incapable d’honorer les échéances, aussi bien pour le paiement des intérêts que pour le remboursement du capital. Les banques commerciales sont fragilisées par la hausse de ces créances, qu’elles peuvent effacer de leur bilan via une provision augmentant dans le temps, ou bien en tentant de les vendre sur le marché.
« Juste équilibre » à trouver
Un gestionnaire d’actif européen, agissant comme une structure de défaisance – « bad bank » en anglais -, pourrait ainsi racheter les prêts toxiques en émettant de la dette « garantie par un organisme européen », indique Andrea Enria, sans préciser lequel. Les prêts transférés à telle structure de défaisance seraient eux évalués de telle manière qu’un « juste équilibre » soit trouvé entre « les pertes imposées aux banques » lors du transfert des prêts et « la rentabilité à moyen terme » du mécanisme d’absorption des actifs.
En 2018, la Commission européenne avait proposé un plan pour faciliter la gestion du stock de prêts toxiques, avec la possibilité pour les États de créer une structure destinée à se débarrasser des actifs risqués, mais le projet a été abandonné faute d’adhésion parmi les 28 de l’UE.
L’Allemagne, opposante traditionnelle à toute mutualisation de la dette, a toutefois levé ce tabou lors de l’adoption cet été par les États de l’UE d’un plan de relance massif de l’économie à l’aide d’un fonds de 750 milliards d’euros, financé par l’émission d’une dette commune.
LQ/AFP