Le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, a confirmé l’entrée prochaine du groupe dans le capital de la banque Raiffeisen, de même qu’un accord avec Cactus. Il a présenté les détails de la mue de Post aux députés de la commission parlementaire de l’Économie.
Les accords présentés par le ministre de l’Économie s’inscrivent dans sa volonté de moderniser, à terme, le groupe Post Luxembourg, et de l’adapter aux exigences du XXI e siècle. Unique actionnaire de Post, l’État deviendra ainsi actionnaire indirect de la banque Raiffeisen, à hauteur de 30 millions d’euros. De quoi permettre une réorientation du groupe pour ses services financiers postaux (CCP), ceux-ci étant à l’origine de 25 millions d’euros de pertes annuelles découlant du taux d’intérêt historiquement bas, concernant cette activité.
Concrètement, l’accord avec Raiffeisen permettra à tout client de CCP de bénéficier automatiquement des services de la banque, dont ceux proposés au guichet. Les CCP aspirent en effet à être repensés et à se rapprocher davantage de la conception d’une banque en ligne qui propose un nombre plus conséquent de services et de produits, le tout en collaboration avec Raiffeisen. L’offre de produits en B2B (Business to business) a par exemple été avancée.
Car l’objectif de la manœuvre est finalement d’élargir la palette de possibilités pour les clients de CCP, qui ne pouvaient, jusqu’à présent, que profiter de la gestion de leur compte courant : vente d’actions et prêts bancaires seront désormais intégrés dans l’offre. De l’avis général, une telle forme de collaboration avec un établissement bancaire semblait logiquement s’imposer afin que les clients de CCP puissent continuer à gérer leurs comptes gratuitement. Bref, le ministre Schneider a estimé devoir miser sur un modèle alternatif viable pour les CCP.
Vers la disparition des bureaux de Poste?
Outre ces précisions, il a été question de la collaboration future avec le groupe Cactus, qui rationalisera sous le toit de ses divers supermarchés l’organisation de la centaine de bureaux de Poste classiques (97 au total) qui sont disséminés sur tout le territoire national. Il faut savoir que selon les chiffres avancés, 60 % des transactions sont réalisées via trois bureaux principaux.
Les 40 % restants concerneraient donc les 94 autres bureaux de poste du Grand-Duché! L’accord avec l’enseigne Cactus vise ainsi, à terme, à substituer ces bureaux par des «Postshops» intégrés dans les magasins du groupe de grande distribution. Si l’amortissement des coûts qui en découlera constitue la principale motivation de cette réorganisation, d’autres facteurs entrent également en ligne de compte : la volonté d’augmenter la proximité avec le client et le vœu de faire bénéficier les clients de plages horaires d’ouverture plus généreuses qu’un bureau de poste qui fermerait ses portes à 17 h.
Mais que les nostalgiques de la Poste «à l’ancienne», axant ses services sur le contact humain, se rassurent : une période de transition (ou de répit) sera appliquée! Le ministre s’est en effet voulu rassurant en expliquant qu’une phase destinée à observer et à analyser l’impact de la mesure est prévue. Les bureaux de poste classiques ne cesseront donc pas d’emblée leurs activités, mais il s’agira pour Post de recenser les bureaux parvenant à supporter la concurrence et ceux qui, au contraire, seront obligés de mettre la clé sous la porte.
Cela étant, le groupe Cactus a annoncé hier qu’il renforçait sa position dans le nord du pays, en acquérant deux sites, à Ettelbruck (place Marie-Adélaïde) et à Wiltz (rue du Pont), en vue d’y installer deux supermarchés supplémentaires (transactions réalisées avec la sicav Mavin Property Fund). Alors pure coïncidence du calendrier ou stratégie mûrement réfléchie, quand on sait que la majorité des bureaux de poste menacés est implantée dans l’Oesling?
Claude Damiani
Une gouvernance à réformer
Dans son projet de modernisation du groupe, le ministre Schneider estime qu’il faut abandonner le système de gouvernance en place depuis 1992 qui est basé sur un exécutif collégial. Le dépôt de son projet de loi, qui sera discuté à la rentrée parlementaire, va dans ce sens. «Le directeur général doit pouvoir responsabiliser chacun de ses directeurs dans la structure exécutive du groupe, ce que la structure collégiale actuelle ne permet pas», juge-t-il.
Par ailleurs, un autre point tend à être revu, selon le projet de texte législatif. Les membres de la direction du groupe disposent du statut de fonctionnaire, alors que pour être compétitif à l’international, le groupe doit pouvoir recruter des experts issus du secteur privé, selon Étienne Schneider. Ce dernier s’est encore voulu rassurant sur ce point de la réforme, affirmant que la future loi ne changera rien au statut des employés du groupe, qui exercent sous statut aussi bien public que privé.