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Portugal : le chômage recule à des niveaux d’avant crise


L'essor touristique, actuellement très concentré autour de Lisbonne, Porto et la région de l'Algarve, "présente un fort potentiel de croissance vers l'intérieur du pays". (illustration AFP)

Le Portugal a connu un nouveau recul du nombre de chômeurs au troisième trimestre, retrouvant des niveaux d’avant la crise financière de 2008, grâce principalement aux secteurs du tourisme et de l’immobilier, selon plusieurs analystes.

Au troisième trimestre, le taux de chômage s’est établi à 8,5% contre 8,8% au trimestre précédent, quelque 440 000 personnes étaient sans emploi fin septembre au Portugal, selon les chiffres publiés mercredi par l’Institut national des statistiques. Il s’agit du chiffre le plus bas depuis le quatrième trimestre 2008, quand l’office des statistiques avait enregistré 437 600 chômeurs, avant que la crise financière mondiale ne frappe de plein fouet le marché du travail portugais.

Cette baisse « s’explique surtout par la reprise économique depuis l’année dernière » et par le « développement du secteur des services liés au tourisme et plus récemment à la construction », a expliqué l’économiste Paula Gonçalves Carvalho. « Le tourisme a permis de tirer d’autres secteurs vers le haut comme la construction et l’immobilier qui avaient connu une période noire pendant la crise », a indiqué pour sa part Tiago Caiado Guerreiro, spécialiste en droit économique.

« Au bon endroit, au bon moment »

Il y a trois ans, Joao Barros, un entrepreneur dynamique, a profité de ce boom touristique pour lancer son activité. Ce diplômé en architecture arrivait sur le marché du travail en pleine crise. Sans débouché dans sa branche, ce trentenaire décide d’ouvrir deux maisons d’hôtes situées au centre de Lisbonne. « J’étais là au bon endroit, au bon moment ! », a-t-il expliqué. « Trois heures à peine après avoir mis mes guesthouses en location sur internet, arrivaient les premières réservations, et ça n’a pas arrêté depuis ! ». Face au succès de son entreprise, il envisage déjà d’ouvrir un troisième établissement dans les prochains mois.

Alexandre Bezerra a eu une démarche similaire. Ce publicitaire de 51 ans n’a pas hésité à se reconvertir dans le tourisme lorsqu’il s’est retrouvé sans travail. « J’ai remarqué que le Portugal devenait une destination de plus en plus recherchée, si bien que j’ai eu l’idée de créer une entreprise qui propose à la fois des visites guidées et des dégustations de vin », a-t-il raconté. « Depuis, mon chiffre d’affaires n’arrête pas de progresser ! ».

Le tourisme, qui représente environ 7% du Produit intérieur brut, devrait rester l’un des fers de lance de l’économie portugaise, qui est sortie en 2014 de près de trois ans de récession. En 2016, le secteur employait quelque 328 000 personnes, soit 17% de plus que l’année précédente, selon les dernières données du secrétariat d’État au Tourisme. Dans les dix prochaines années, le gouvernement portugais s’est fixé comme objectif de doubler les recettes du tourisme pour atteindre les 26 milliards d’euros.

« Une plus grande précarité » des emplois

Cet essor touristique, actuellement très concentré autour de Lisbonne, Porto et la région de l’Algarve, « présente un fort potentiel de croissance vers l’intérieur du pays », a fait valoir Pedro Braz Teixeira, à la tête d’un cercle d’économistes qui publie régulièrement des notes de conjoncture. « En outre, les tensions en Espagne, autour de l’indépendance de la Catalogne, permettent au Portugal de renforcer son image de pays calme, oasis de stabilité dans la région méditerranéenne », a-t-il souligné.

Toutefois, pour le sociologue José Nuno Moreira de Matos, il y a plusieurs bémols à mettre sur cette embellie. « La création d’emplois s’accompagne d’une plus grande précarité, avec un plus grand nombre d’intérimaires ou de saisonniers sans contrat », a-t-il noté. Par ailleurs, le chômage reste très élevé chez les jeunes. Malgré une baisse de 3,5% sur un an, il s’établissait au troisième trimestre à 24,2%, soit une hausse de 15,3% par rapport au deuxième trimestre. « C’est très supérieur à la moyenne de la zone euro ! », où il s’élevait fin septembre à 18,7% selon l’Office européen des statistiques Eurostat, a-t-il observé.

« L’année prochaine, la création d’emplois devrait croître de façon plus progressive, en raison d’une décélération de l’activité économique », a prévenu l’économiste Paula Gonçalves Carvalho. En effet, le gouvernement socialiste estime qu’après une croissance prévue de 2,6% cette année, l’économie portugaise devrait ralentir en 2018, avec une croissance évaluée à 2,2%.

Le Quotidien/AFP