En plein combat contre le dumping asiatique, ArcelorMittal a importé en 2015 « de manière ponctuelle » de l’acier de Chine qu’il a commercialisé en Europe, a révélé vendredi la CGT à Florange, après la découverte de plus d’une centaine de bobines dans une filiale. ArcelorMittal minimise la polémique.
Selon le syndicat, 171 bobines d’acier de second choix de fabrication chinoise, destinées au bâtiment et à l’automobile, ont été découvertes mi-février, à quelques jours d’intervalle, à Illange (Moselle), dans un hall de Gepor, filiale d’ArcelorMittal.
Quatre-vingt bobines ont été trouvées le 17 février, puis 91 autres quelques jours plus tard livrées par péniche au même endroit, a affirmé au cours d’une conférence de presse Lionel Buriello, délégué CGT chez ArcelorMittal.
La direction aurait décidé de commercialiser cet acier parce qu’elle ne pouvait « pas l’avoir moins cher en Europe », a précisé la CGT, qui a « fermement condamné » ces importations, évoquant « un scandale ». « L’argent n’a pas d’odeur, le business n’a pas de morale. En tout état de cause, c’est l’ensemble des salariés européens qui travaillent dans la sidérurgie qui ont été trompés », selon la CGT.
Pour le syndicat, ArcelorMittal et ses salariés étaient « en capacité de répondre à la demande » sans passer par l’importation d’acier chinois.
La CGT a accusé la direction d’ArcelorMittal d’avoir créé elle-même un « appel d’air » en fermant des capacités en Europe et a exprimé ses craintes qu’à terme elle ne décide d’importer de « l’acier à haute valeur ajoutée » comme l’Usibor.
« Ce sont des milliers d’emplois qui sont menacés. Le groupe Mittal, c’est avant tout un groupe financier, pas un groupe industriel. Si demain il peut se faire plus de marge en allant chercher à l’import, pourquoi se gênerait-il ? », s’est interrogé la CGT.
La direction d’ArcelorMittal Europe a réagi à ses accusations dans un communiqué où elle explique avoir reçu début 2015 « une commande pour un type de produits dits +de commodité+, des produits de base qui ne sont fabriqués par aucune usine d’ArcelorMittal en Europe » et avoir répondu à la commande « en achetant un petit volume d’acier en provenance de Chine ».
« Aucun achat d’acier de Chine n’a été réalisé depuis lors » précise le communiqué.
La direction ajoute que « Gepor est une entreprise de logistique qui n’achète et ne vend aucun produit » et que si, « dans le passé, il est arrivé que Gepor assure la manutention de commandes d’acier chinois pour le compte de clients externes, (…) la direction d’AMAL (ArcelorMittal Atlantique-Lorraine) a pris la décision de ne plus accepter de traiter ce type de commandes à l’avenir ».
Le Quotidien / AFP