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Plusieurs banques russes bientôt exclues de la plateforme Swift


L'UE veut aussi "paralyser" les actifs de la Banque centrale russe, a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. (Photo : AFP)

Les alliés occidentaux ont adopté une nouvelle volée de sanctions financières contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine, en planifiant samedi d’exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale.

Dans une déclaration commune, la Maison-Blanche a déclaré que les leaders de la Commission européenne, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis étaient résolus « à continuer d’imposer des coûts à la Russie qui l’isoleront davantage du système financier international et de nos économies ».

« Nous nous engageons à exclure une sélection de banques russes du système de messagerie Swift », des mesures qui seront prises « dans les jours qui viennent », a ajouté la Maison-Blanche.

Voici quelques repères sur les fonctions de la plateforme interbancaire Swift et la portée que peut avoir cette arme financière rarement utilisée.

Qu’est-ce que Swift ?

Swift est l’un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière fondée en 1973. La société, acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, est basée à Bruxelles.

Non coté, Swift est organisé sous forme de coopérative de banques. La société se présente comme neutre.

Elle est notamment à l’origine du code BIC, qui permet d’identifier une banque via un code unique composé de 8 à 11 caractères, prenant en compte le nom de la banque, son pays d’origine, sa localisation et l’agence ayant traité l’ordre en question.

À quoi sert Swift ?

Mis en œuvre pour remplacer la technologie vieillissante du Télex, le groupe assure plusieurs tâches : transit des ordres de paiement entre banques, ordres de transferts de fonds de la clientèle des banques, ordres d’achat et de vente de valeurs mobilières, etc.

Le tout grâce à des messages standardisés, permettant une communication rapide, confidentielle et peu coûteuse entre établissements financiers.

La société met en avant sa fiabilité sur son site internet et revendique « plus de 11 000 organisations bancaires et de titres, infrastructures de marché et entreprises clientes dans plus de 200 pays et territoires ».

Le rôle de Swift déborde le cadre de la finance : un accord signé mi-2010 par les États-Unis et l’Union européenne permet officiellement aux services américains du Trésor d’accéder aux données bancaires des Européens via le réseau, au nom de la lutte antiterroriste.

Que représente Swift en Russie ?

Selon le site de l’association nationale Rosswift, la Russie serait le deuxième pays après les États-Unis en nombre d’utilisateurs avec quelque 300 banques et institutions russes membres du système.

Plus de la moitié des organismes de crédit russes sont représentés dans Swift, est-il précisé par cette source.

Moscou met cependant en place ses propres infrastructures financières, que ce soit pour les paiements (cartes « Mir », voulues comme l’équivalent de Visa et Mastercard), la notation (agence Akra) ou les transferts, via un système baptisé SPFS.

Y a-t-il des précédents ?

En novembre 2019, dans le cadre des sanctions décidées par les États-Unis contre l’Iran, Swift a « suspendu » l’accès de certaines banques iraniennes à son réseau.

Le secrétaire au Trésor de Donald Trump à l’époque, Steven Mnuchin, avait promis de soumettre la société « à des sanctions américaines (si elle fournissait) des services de messagerie financières à certaines institutions financières iraniennes ».

Pourtant soumis au seul régulateur belge, Swift n’avait mis que quelques jours à obtempérer, jugeant dans un communiqué la mesure « regrettable » mais conforme « à l’intérêt de la stabilité et de l’intégrité du système financier mondial dans son ensemble ».

L’Iran avait déjà été déconnecté du système Swift de 2012 à 2016.

Efficacité à double tranchant

Tactiquement, « les avantages et les inconvénients peuvent se discuter », estime Guntram Wolff, directeur du centre de réflexion Bruegel.

Couper l’accès d’une banque au réseau Swift, c’est lui interdire de recevoir ou d’émettre des paiements via ce canal. Par ricochet, c’est aussi interdire à des établissements étrangers de commercer avec cette banque.

Or sortir un pays aussi important que la Russie pourrait accélérer le développement d’un système concurrent, avec la Chine par exemple. Le système Swift a d’autant plus d’efficacité que tout le monde y participe.