Pour la première fois depuis environ douze ans, les cours du pétrole ont fini vendredi à moins de 30 dollars le baril, chutant dans l’idée d’un bond imminent des exportations iraniennes et face aux doutes sur la demande mondiale.
Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février a perdu 1,78 dollar à 29,42 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit son plus bas niveau de clôture depuis novembre 2003.
A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a chuté de 2,09 dollars, à 28,94 dollars, sur l’Intercontinental Exchange (ICE), finissant comme lors des deux précédentes séances sous le niveau du pétrole new-yorkais et s’établissant au plus bas depuis février 2004.
Sur la semaine, le marché pétrolier a subi une chute de plus de 11% à New York et de près de 14% à Londres, à peine freinée par un petit rebond jeudi. Depuis le début de l’année, il a reculé de quelque 20,5% aux États-Unis et de plus de 22% en Europe.
«Les gens sont en train d’anticiper un retour sur le marché du pétrole iranien d’ici quelque jours», a mis en avant James Williams de WTRG Economics. «L’idée qui domine, c’est que les sanctions contre l’Iran vont être levées pendant le week-end.»
Selon des sources diplomatiques, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirmera «probablement» ce week-end que les Iraniens ont tenu les engagements pris dans le cadre de l’accord de juillet 2015 sur la réduction de leur programme atomique.
«Si c’est le cas, cela provoquera un afflux de 500 000 barils par jour (bj) de plus sur le marché», a prévenu M. Williams, en référence à des déclarations régulièrement tenues par Téhéran en ce sens. «C’est ce que reflètent les cours.»
«Au retour de l’Iran, s’ajoute la faiblesse de l’économie chinoise, sur laquelle on n’a toujours aucun bon chiffre» à l’approche de la publication mardi du produit intérieur brut de l’an dernier, a-t-il continué.
La crainte d’un ralentissement en Chine, premier pays importateur de pétrole, a largement contribué à plomber les cours depuis le début d’année.
Morosité aux USA
«Enfin, Alexander Novak, ministre russe de l’Energie, a peut-être aussi contribué au sentiment négatif en éliminant un vague espoir de baisse de la production, provoqué cette semaine par des propos d’un vice-ministre des Finances», a rapporté Tim Evans, de Citi.
«Selon les termes de Novak: +Il est peu probable que l’ensemble des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se mettent d’accord sur une baisse de la production, sans parler des pays extérieurs au cartel+», a-t-il ajouté.
Les États-Unis, la Russie et l’Opep, dont est membre l’Iran, constituent les trois acteurs principaux de la production mondiale de pétrole, et aucun n’envoie de signe convaincant d’une diminution de l’offre.
Certains observateurs estimaient que cette actualité expliquait l’accès de faiblesse enregistré depuis le milieu de semaine par le Brent, référence européenne du brut, par rapport au WTI, moins sensible aux questions internationales.
Toutefois, le cours du WTI est lui aussi sous des pressions spécifiques, à cause «de craintes de plus en plus présentes d’une récession aux États-Unis face à la faiblesse de l’économie mondiale et à de mauvais indicateurs américains», a rapporté Mike Lynch, de Strategic Energy & Economic Research. «Cela préoccupe beaucoup les investisseurs sur le marché du pétrole, aujourd’hui.»
Vendredi, l’annonce de ventes au détail décevantes, en décembre, et d’une chute libre de l’activité manufacturière de la région de New York, ce mois-ci, ont pesé sur le moral des investisseurs, comme en témoignaient une baisse de plus de 2% de Wall Street.
Dans ce contexte, le marché n’a guère salué une nouvelle baisse, d’ailleurs minime avec une seule unité en moins, du nombre de puits en activité aux États-Unis, selon le décompte établi par le groupe privé Baker Hughes.
AFP/M.R.