Le plan Juncker, promu hier à Luxembourg par le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, doit permettre de relancer les investissements dans l’UE.
Depuis le début de la crise financière en 2007, les investissements réalisés en UE ont chuté de près de 20%. Cette tendance à la baisse s’est confirmée au fil des dernières années. Maintenant que la reprise économique se concrétise, le plan d’investissement de la Commission européenne, appelé plan Juncker, doit permettre de redynamiser la croissance économique et le marché de l’emploi.
Les ambitions affichées par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, sont importantes. Avec son plan d’investissement, lancé quelques semaines à peine après son entrée en fonction, l’ancien Premier ministre luxembourgeois a la vision de générer des investissements à hauteur de 315 milliards d’euros, le tout pour permettre à la croissance européenne de repartir du bon pied et de créer des milliers d’emplois.
Hier, son vice-président en charge de l’emploi, de la croissance, de l’investissement et de la compétitivité, le Finlandais Jyrki Katainen, était en visite de travail à Luxembourg pour promouvoir le plan Juncker. Dans la foulée d’une entrevue avec le Premier ministre, Xavier Bettel, et avant d’être reçu en audience par le Grand-Duc Henri, le commissaire européen avait rendez-vous avec des chefs d’entreprises luxembourgeois et d’autres acteurs de l’économie nationale, à la Chambre du commerce.
Dans le cadre d’une table ronde, Jyrki Katainen s’est transformé en pédagogue pour expliquer les tenants et aboutissements de l’ambitieux plan d’investissement de la Commission européenne. «Il ne s’agit pas d’une baguette magique qui va tout changer, mais il s’agit d’un changement positif», a souligné le vice-président de la Commission européenne aux côtés de Werner Hoyer, le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui aura à jouer un rôle-clé dans la mise en œuvre du plan Juncker.
«Avec la forte baisse des investissements depuis 2007, que l’on peut chiffrer à 20 %, on a un important retard à combler, notamment dans le domaine de la Recherche et du Développement», a clamé hier Werner Hoyer, qui a tenu à clarifier la fonction de la BEI. «On peut accompagner des projets jusqu’à hauteur de 30 %, voire plus, mais un autre atout est notre compétence dans l’encadrement de ces projets», a ainsi indiqué le président.
Vers des projets plus risqués
Un changement de paradigme, mais aussi de culture doit avoir lieu en Europe, ont par ailleurs souligné Katainen et Hoyer. «Encourager des investissements plus risqués, couverts par la BEI, est un de nos objectifs», a notamment souligné le vice-président de la Commission, face à un parterre de décideurs économiques luxembourgeois.
Tout comme le chef du gouvernement luxembourgeois, Michel Wurth a assuré, dans sa fonction de président de la Chambre de commerce, le soutien luxembourgeois au plan Juncker. Il en va de même pour l’eurodéputé Claude Turmes, qui a cependant lancé un flamboyant appel pour miser, dans le cadre du plan, sur l’efficience énergétique et les énergies renouvelables. La porte laissée ouverte à l’énergie nucléaire dérange fortement Claude Turmes, qui a d’ailleurs tenu à rappeler que le plan Juncker a aussi été rendu possible grâce à la pression des socialistes européens.
Très critique sur le plan Juncker (plus de 2 000 amendements ont été introduits), le Parlement européen espère pourtant une issue positive des négociations avec la Commission européenne pour rendre possible le vote du plan d’ici la fin juin.
David Marques