Peu après la présentation des diverses mesures du programme de stabilisation de l’économie du gouvernement, la Fédération luxembourgeoise des startups (FLSU) a lancé un signal d’alarme afin de ne pas faire des start-up les grands oubliés de ce plan ambitieux chiffré à neuf milliards d’euros.
«Il serait dommage de ne pas apporter des solutions adéquates aux start-up. Ce serait mettre à mal le travail réalisé par le Luxembourg pour devenir une start-up nation. Si rien n’est fait, il faudra tout recommencer», prévient Élodie Trojanowski, la secrétaire générale de la FLSU.
En effet, si le gouvernement a mis en place des mesures d’accompagnement pour les entreprises et les petites entreprises, il semble que les jeunes pousses ne puissent pas cocher toutes les cases pour accéder aux aides proposées par l’État : «La Fédération des startups déplore le fait qu’aucune aide ne soit destinée aux start-up. En effet, sur le formulaire à compléter en ligne pour la mesure relative aux indépendants, il est demandé de remplir la condition d’être une entreprise concernée par l’obligation de fermeture décrétée le 18 mars 2020 par le gouvernement et d’avoir un chiffre d’affaires de minimum 15 000 euros. Or la majorité des start-up ne peut pas cocher ces deux critères et donc ne pourra pas prétendre à cette aide.»
Les possibilités mises en place pour reporter le paiement des cotisations sociales et de la TVA ou encore la mise en place d’une garantie bancaire d’État sont autant de solutions inadéquates pour les start-up. «Les reports de paiements de cotisation ou TVA, prêts ou tout autre endettement d’une certaine manière sont très néfastes au développement d’une start-up. Les prêts garantis à 80 % par la SNCI passeront certainement devant un comité de crédit. Les demandes de crédit pour les start-up sont souvent refusées lors de ces comités. Cette mesure ne concernera donc que peu, voire aucune, d’entre elles», alerte encore la FLSU.
Un fonds pour les start-up et pour financer le travail
Souvent innovantes, les start-up proposent donc des mesures davantage en adéquation avec leur écosystème comme la possibilité de financer le travail et non le chômage ou la mise en place d’un fonds d’investissement dédié aux start-up : «Les start-up sont très gravement touchées par cette crise sanitaire et économique. Les levées de fonds sont stoppées ou au ralenti, les réseaux de distribution à l’arrêt, les échanges avec des partenaires internationaux compliqués, etc. Nous demandons non pas de financer le chômage partiel pour les salariés des start-up, mais plutôt de participer à hauteur de 80 % de la charge salariale. Autrement dit, une subvention non pas au chômage partiel, mais au travail pour les start-up.» Selon nos estimations, avec environ 400 start-up actives au Luxembourg employant en moyenne cinq salariés, il faudra une enveloppe de 6 millions d’euros pour financer 80 % des salaires du secteur.
De plus, la FLSU demande le feu vert au ministère des Finances pour lancer un fonds d’investissement «early stage», un outil quasiment clé en main développé par elle-même afin de soutenir les 400 start-up du pays. «Nous conseillons au gouvernement de donner le feu vert dès à présent à un fonds d’investissement early stage sur lequel nous travaillons depuis maintenant trois ans. Ce fonds d’investissement de 150 millions d’euros assurerait la préservation des start-up luxembourgeoises les plus prometteuses, avec la perspective d’une future plus-value très intéressante au vu de la situation actuelle», souligne Élodie Trojanowski.
Cet instrument financier déjà dans les tuyaux depuis trois ans et alimenté par des acteurs économiques importants du pays, le tout avec l’aval de l’État, pourrait suffire à maintenir en vie un secteur décrit régulièrement par les différents ministres du gouvernement comme «prometteur et innovant».
En France, le gouvernement a débloqué quatre milliards d’euros pour aider ses start-up, un secteur qui devait créer près de 25000 emplois.