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Pétrole : nouveau record de la demande mondiale en 2023, selon l’AIE


Des niveaux records pour la demande de pétrole. (Photo AFP)

La consommation de pétrole s’achemine bien vers un record absolu: l’Agence internationale de l’énergie (AIE) revoit à la hausse ses prévisions de croissance de la demande mondiale en 2023 qui s’achemine vers son « niveau le plus élevé jamais enregistré » avant une hausse un peu moins forte en 2024.

Jamais le monde n’a été autant gourmand de pétrole. Sans attendre de tirer un bilan annuel, la demande mondiale de pétrole a déjà « atteint un record de 103 millions de barils par jour (mb/j) en juin et août pourrait connaître un nouveau pic », souligne l’agence, émanation de l’OCDE basée à Paris, dans son rapport mensuel publié vendredi.

La consommation est « stimulée par les voyages aériens estivaux, l’utilisation accrue de pétrole (fioul) pour produire de l’électricité et la montée en flèche de l’activité pétrochimique chinoise », explique l’AIE.

Pour l’ensemble de l’année, la demande globale d’or noir « devrait augmenter de 2,2 millions de barils (mb/j) par jour » par rapport à 2022 « pour atteindre 102,2 mb/j en 2023, la Chine représentant plus de 70% de la croissance », précise l’agence.

« Le plus haut niveau jamais enregistré »

Il s’agit du « niveau annuel le plus élevé jamais enregistré », selon l’AIE qui prévoyait déjà en février un record pour l’année en cours, de 101,9 millions de barils par jour, après 99,9 mb/j en 2022 et 97,6 mb/j en 2021.

Cette soif de pétrole intervient dans un contexte de tensions sur les marchés après des coupes drastiques dans l’offre décidées par plusieurs pays de l’alliance de l’Opep+, composée de 13 pays membres exportateurs de pétrole et de 9 alliés, pour soutenir les prix.

Résultat, le mois dernier, l’offre mondiale de pétrole a chuté de 910.000 barils par jour pour atteindre 100,9 mb/j.

La « forte réduction de la production saoudienne en juillet a fait chuter la production du bloc OPEP+ de 1,2 mb/j à 50,7 mb/j », « près d’un plus bas depuis deux ans », tandis que « les volumes hors OPEP+ ont augmenté de 310.000 barils par jour pour atteindre 50,2 mb/j », selon l’AIE.

Neuf membres de l’Opep+, dont ses deux poids lourds Ryad et Moscou, ont instauré depuis mai des baisses volontaires de production pour un total de 1,6 million de barils/jour. Des coupes par la suite étendues jusqu’à fin 2024.

En parallèle, l’Arabie saoudite a opté pour une nouvelle réduction de production d’un million de barils/jour pour juillet, prolongée jusqu’à août, puis jusqu’à septembre.

Moscou s’était pour sa part engagée à baisser ses exportations de 500.000 barils/jour en août, puis de 300.000 barils/jour en septembre.

Nouvelle hausse des prix ? 

De quoi amener l’équilibre du marché à « se resserrer davantage à l’automne », avertit l’AIE.

« Si les objectifs actuels de l’alliance sont maintenus, les stocks de pétrole pourraient diminuer de 2,2 mb/j au troisième trimestre et de 1,2 mb/j au quatrième trimestre, ce qui risquerait d’entraîner une nouvelle hausse des prix ».

Les exportations russes de pétrole sont restées stables à environ 7,3 mb/j en juillet, en baisse de 200.000 b/j. « Les exportations de brut vers la Chine et l’Inde ont diminué d’un mois à l’autre, mais ont représenté 80 % des expéditions russes », relève l’AIE.

La hausse des cours du pétrole, combinée à des rabais moins importants consentis par la Russie « a fait grimper les recettes d’exportation estimées de 2,5 milliards de dollars à 15,3 milliards de dollars », ce qui représente un recul de 4,1 milliards de dollars sur un an mais « leur plus haut niveau depuis novembre 2022 ».

Sur l’année, l’AIE s’attend à ce que l’offre mondiale de pétrole augmente de 1,5 mb/d à un record de 101,5 mb/d, une croissance tirée notamment par les Etats-Unis (1,9 mb/j).

Pour autant, l’agence estime que la hausse de la demande de pétrole sera moins forte en 2024 qu’en 2023, alors que le monde doit réduire sa consommation d’énergies fossiles, nocives pour le climat, afin de limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

La reprise post-pandémique « s’essoufflant » et « la transition énergétique s’accélérant » avec les voitures électriques, « la croissance ralentira de 1 mb/j en 2024 », prévoit l’agence.