Le groupe aux 14 marques automobiles Stellantis, dont Peugeot et Fiat, va fermer « jusqu’à début 2022 » l’usine de sa filiale Opel à Eisenach en Allemagne, touchée par la pénurie de puces électroniques qui paralyse les usines du monde entier.
« L’industrie automobile mondiale se trouve en raison de la pandémie et d’un manque de semi-conducteurs dans une situation exceptionnelle », a indiqué ce jeudi un porte-parole d’Opel. La demande de composants est très forte dans le secteur de l’automobile pour des véhicules de plus en plus équipés en systèmes électroniques, du moteur à l’ABS en passant par les airbags et l’aide au stationnement.
Or, dans un contexte de reprise de l’activité après la levée des restrictions sanitaires dues à la pandémie de coronavirus, les constructeurs se trouvent en concurrence avec d’autres industries gourmandes en puces – ordinateurs, smartphones, objets connectés – qui captent une bonne part de ces pièces fabriquées pour leur majeure partie en Asie.
Conséquence : Volkswagen, Daimler et BMW en Allemagne, mais aussi Ford ou GM aux États-Unis, ou encore Toyota ont aussi déjà décidé de fermer des lignes d’assemblage pour quelques jours ou semaines – mais rarement aussi longtemps qu’Opel vient de le décider à Eisenach.
« Dans cette situation exigeante et incertaine, Stellantis prévoit des ajustements dans la production » dont l’interruption des chaînes d’assemblage à Eisenach, qui fabrique le SUV Grandland X dans le centre de l’Allemagne, « à partir de la semaine prochaine », a dit Opel.
Les employés concernés seront mis au chômage partiel et la production reprendra en début d’année prochaine « si la situation dans les chaînes d’approvisionnement le permet », a précisé le porte-parole.
Une fermeture « extrêmement rare »
« Il est extrêmement rare qu’un constructeur ferme une usine pour trois mois », juge l’expert Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research, basé en Allemagne. L’usine Stellantis de Sochaux, en France, qui fabrique le même modèle, « devrait profiter du fait que le travail à temps partiel est bien compensé en Allemagne, rendant cette fermeture plus ‘économique’ pour Stellantis ».
Pour prendre un exemple ailleurs que chez Stellantis, la grande usine française de Toyota, qui produit la petite Yaris et le SUV Yaris Cross près de Valenciennes (nord-est), a retardé sa rentrée de septembre et a prévu pour octobre cinq jours de pause forcée. Au total, le géant japonais a réduit sa production mondiale de 40% en septembre par rapport à ses prévisions initiales.
Quelque 7,7 millions d’automobiles ne seront pas produites cette année dans le monde en raison du manque de composants, conséquence de la reprise après la pandémie de Covid-19 conjuguée à un boom des véhicules électriques, a estimé le cabinet Alix Partners. Cela représente un manque à gagner de 210 milliards d’euros, selon un rapport publié la semaine passée.
Certains modèles en priorité
Ces problèmes touchent par ricochet les fournisseurs des constructeurs auto : l’équipementier français Faurecia (sièges, tableaux de bord, échappements) a abaissé d’un milliard d’euros son objectif de chiffre d’affaires pour l’année 2021, à 15,5 milliards d’euros. Ola Källenius, patron du fabricant des Mercedes-Benz, Daimler, a affirmé récemment que ce manque « structurel » de capacités de production dans l’industrie électronique allait continuer de peser sur le secteur automobile en 2022.
En France, Stellantis a déjà mis en pause plusieurs de ses usines au printemps et à l’été, comme à Rennes-la-Janais (ouest), Mulhouse, Sochaux (est) ou Hordain (nord).
À Rennes, « le mois de septembre a été catastrophique. Depuis le début l’année on n’a travaillé que 45 jours », a indiqué Christine Virassamy, déléguée syndicale de la CFDT. « L’arbitrage fait au niveau central, c’est de prioriser les véhicules à forte marge ou des véhicules qui permettent de répondre aux normes CO2, donc soit hybrides soit électriques », selon Christine Virassamy.
« Il y a des démontages d’équipe, des coupures d’équipe de nuit ou des coupures de week-end mais pour l’instant, il n’avait pas été décidé d’arrêt total d’un site », souligne Franck Don de la CFTC. « On ne nous promet pas un avenir très serein, même sur l’année 2022 ».
AFP/LQ