La crise s’installe sur le marché des bureaux, qui a connu un été difficile en pleine incertitude face au coronavirus. Les locations s’effondrent, les bureaux vides s’accumulent autour de Paris, tandis que les investissements chutent dans le secteur.
« On est déçus », admet Virginie Houzé, du cabinet immobilier JLL. « On tablait sur le déblocage de certains projets à la rentrée et, malheureusement, ça n’a pas été le cas. »
Entre juillet et septembre, la superficie totale de bureaux loués en région parisienne a décliné de plus de moitié (-58% à 246.200 mètres carrés) par rapport à un an plus tôt, selon le bilan trimestriel Immostat, qui fait référence dans le secteur.
Ce bilan, effectué par plusieurs gros spécialistes dont JLL, concerne seulement l’Ile-de-France, mais c’est là que se concentre l’essentiel du marché français.
Ces chiffres montrent que le marché des bureaux ne s’est pas redressé dans les mois qui ont suivi la levée du confinement décrété au printemps contre le coronavirus.
Celui-ci avait largement mis l’économie française à l’arrêt et, en conséquence, provoqué un effondrement sans précédent du marché des bureaux franciliens.
Mais l’été et la rentrée n’ont pas permis de rattrapage, contrairement à ce qu’espéraient plusieurs spécialistes des bureaux et à ce qui s’est en partie produit dans le marché du logement.
« Il y a une conjonction de plusieurs éléments », explique Mme Houzé, évoquant d’abord les premiers effets de la crise économique avec, d’ores et déjà, la prise en compte par les entreprises des effets du confinement sur leurs comptes.
« Les entreprises ne sont pas incitées à se lancer dans des projets (immobiliers): on est plus sur des réductions de coûts et, malheureusement, des réductions d’effectifs » note-t-elle.
La reprise de l’épidémie depuis la fin de l’été et les indicateurs associés « remettent une couche d’incertitude », ajoute-t-elle.
De nombreuses entreprises renoncent donc à louer de nouveaux bureaux, d’autant que le confinement a aussi stimulé les réflexions sur le télétravail.
La Défense délaissée
Les propriétaires font aussi face aux difficultés économiques des locataires qui sont déjà là, avec à la clé renégociations et départs.
Cette situation a provoqué une nette hausse (+18% sur un an) des bureaux immédiatement disponibles, autrement dit vacants, en région parisienne.
Mais à Paris même, les bureaux vides restent un phénomène très limité. C’est autour de la capitale qu’ils sont en train de s’accumuler, en particulier à La Défense où les projets de tours s’enchaînent depuis des années.
Si les loyers continuent pour le moment à progresser, certains observateurs jugent inévitables qu’ils finissent par se replier dans le quartier d’affaires emblématique de la région parisienne.
La chute de la demande, « alors même que l’offre vacante s’alourdit de façon substantielle, devrait logiquement impacter tôt ou tard les valeurs locatives de transactions », résume dans un communiqué le cabinet Cushman & Wakefield, également associé à Immostat.
Un autre chiffre témoigne de la morosité du marché, celui de l’argent versé par les investisseurs pour devenir propriétaires de bureaux. Les 5,2 milliards d’euros investis au troisième trimestre dans l’immobilier d’entreprises – sur toute la France et non la seule région parisienne – représentent un recul de près de moitié (-49%) par rapport à un an plus tôt.
Les observateurs relativisent cette chute après une année 2019 particulièrement active, et restent optimistes sur la capacité des bureaux à attirer des fonds.
« Il y a toujours beaucoup de capitaux, de richesses prêtes à être investies et les marchés de l’immobilier gardent une aura de valeur refuge pour les investisseurs », assure Mme Houzé. « Et ce d’autant plus qu’on a des marchés boursiers qui se caractérisent par des mouvements assez erratiques depuis le début de l’année. »
AFP