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Paris : les hôtels proposent des formules «télétravail»


Il s'agit souvent de journées facturées moitié-prix par rapport au coût de la nuitée, avec tout ce qu'il faut pour travailler (Photo : hotel Arvor).

Travailler à distance, une pratique qui se généralise sans être toujours évidente: l’hôtellerie s’est saisie de la question pour proposer des « séjours télétravail », espérant remplir les chambres laissées vides par l’absence des touristes étrangers et l’annulation des séminaires.

« J’habite un petit appartement, pas loin de l’hôtel », explique Julie, lectrice de scénarios de 27 ans. « On est deux à télétravailler dans la même pièce, alors parfois pour finaliser des projets précis, je préfère passer la journée à l’hôtel pour me concentrer ».

Vivant « au-dessus d’une cour d’école » dans le IXe arrondissement parisien, Julie apprécie le calme des chambres de l’hôtel Arvor, un confort qu’elle paie 50 euros la journée.

Plusieurs fois par mois, elle se rend dans une suite convertie en bureau de 8h30 à 19h, s’installe au spacieux bureau disposé près d’une fenêtre et profite du wifi haut débit et de boissons chaudes à volonté.

« On a lancé cette offre tout de suite après le confinement, le 14 mai », explique le directeur de cet hôtel, David Grenet.

Pendant le confinement, plusieurs salariés de l’hôtel travaillaient confinés à Paris, se souvient-il. « Avec du bruit, les enfants qui nous interrompaient, on avait pas forcément d’endroits calmes pour se poser. On s’est dit qu’il y avait un créneau, qu’on pouvait offrir un espace de télétravail ».

Jeunes parents, mais aussi étudiants venus préparer leur examens: en quatre mois, l’hôtel a accueilli une cinquantaine de télétravailleurs, qui constituaient même la majeure partie de la clientèle durant les premiers mois du déconfinement.

En tout, l’hôtelier estime avoir tiré environ 2.500 euros de ces offres diurnes, facturées moitié-prix par rapport au coût de la nuitée.

Recettes bienvenues

« Ce n’est pas énorme, c’est vraiment un complément », explique le directeur de cet établissement de 24 chambres et six suites. « Ça permet de continuer à faire parler de l’hôtel, de continuer à avoir du passage ».

L’hôtel est loin de sa moyenne de remplissage habituelle de 85% à l’année, et tourne aujourd’hui « au maximum sur 20%. Et on ne s’attend pas à plus dans les mois qui viennent », déplore David Grenet.

Selon le groupement patronal des indépendants de l’hôtellerie-restauration (GNI), les hôteliers accusent une perte de chiffre d’affaires de 92% sur l’ensemble du second trimestre 2020 par rapport à l’an passé.

« En aucun cas, le télétravail ne permettra de combler le déficit de clientèle que connaît aujourd’hui l’hôtellerie. Maintenant, toutes les autres recettes tirées de l’activité diurne de nos hôtels est la bienvenue », a commenté un porte-parole du syndicat.

« C’est un mouvement de fond qui a été amorcé il y a quelques années déjà mais qui parle beaucoup aux hôteliers en ce moment où la clientèle étrangère et business n’est pas là, et où il faut faire venir la clientèle locale », a-t-il ajouté.

Éviter les bouchons

A deux pas de la plage de Deauville, dans le cossu hôtel Barrière Le Normandy, « l’escapade télétravail » est conçue comme un prolongement du séjour à partir de 345 euros la nuit, mettant à disposition une pièce aménagée pour le travail durant la journée, avec bureau, calepin et encas gourmand.

« Au lieu de rentrer un dimanche et d’avoir les bouchons, ça permet de rester le lundi et de travailler ici, de profiter un peu plus de cet environnement », vante Cyril Casabo, directeur de deux établissements du groupe à Deauville, où l’offre à totalisé 70 nuitées depuis début juillet: « c’est déjà très bien, c’est qu’il y avait une vraie attente ».

Les hôtels de charme ne sont pas seuls à repenser leurs offres.

Les hôtels Accor proposent depuis début août leurs chambres entre 35 à 135 euros durant la journée selon le standing, dans plusieurs centaines d’établissements au Royaume-Uni, tandis que Best Western a lancé mi-septembre une nouvelle marque dédiée dans 14 établissements en France.

La chaîne propose trois formules allant du lobby, où les clients peuvent s’installer moyennant le prix d’une consommation, à des salons équipés pour accueillir des réunions, en passant par des espaces isolés à l’ambiance feutrée, accessibles sur réservation.

« C’était le bon moment pour prendre des parts de marché », estime Olivier Cohn, directeur de l’hôtellerie Best Western France. « Mais ça ne compensera pas les pertes, c’est évident ».

AFP