Le comité olympique australien est à son tour rattrapé par la controverse sur le sort des musulmans ouïghours du Xinjiang en raison de son partenariat avec Asics, équipementier accusé d’utiliser du coton du Xinjiang en dépit des inquiétudes relatives au travail forcé dans cette province chinoise.
La polémique a été relancée mercredi avec la présentation des équipements Asics qui habilleront les athlètes australiens lors des Jeux de Tokyo.
« Je crois qu’aucun athlète australien ne veut porter une tenue produite par une entreprise qui se fournit en coton au Xinjiang », a déclaré à l’AFP Elaine Pearson, directrice pour l’Australie de Human Rights Watch.
« C’est un cas d’école quant à l’engagement d’une entreprise comme Asics envers les droits de l’Homme. Elle doit faire preuve de diligence raisonnable et se montrer transparente quant à sa chaîne logistique. »
Plusieurs entreprises de prêt-à-porter, comme le Suédois H&M, l’Américain Nike, l’Allemand Adidas ou le Japonais Uniqlo se sont engagées l’an passé à boycotter le coton du Xinjiang — une région qui représente près d’un cinquième de la production mondiale et fournit de nombreux géants de l’habillement.
La semaine dernière, en réaction aux sanctions imposées par le Royaume-Uni, l’UE, les Etats-Unis et le Canada à la Chine pour son traitement des Ouïghours, ces engagements pris par plusieurs géants du textile ont opportunément refait surface sur le réseau social chinois Weibo.
Ont suivi une marée d’appels au boycott sur les réseaux sociaux chinois visant Nike, H&M mais aussi Adidas ou encore Zara, dont certains produits ont été retirés des principaux sites chinois de vente en ligne.
« Continuer à acheter et soutenir le coton du Xinjiang »
Mais Asics fait partie d’entreprises qui, dans l’espoir de préserver leur accès au vaste marché chinois, se sont initialement engagées « à continuer à acheter et soutenir le coton du Xinjiang ».
Nathan Ruser, chercheur à l’Institut australien de politique stratégique, juge « dégoûtant et honteux » que la délégation olympique australienne soit habillée par la marque japonaise.
« Nous sommes totalement engagés à travailler étroitement avec nos partenaires pour nous assurer que les droits de l’Homme soient respectés, de même que les standars environnementaux », a affirmé mercredi un porte-parole d’Asics à l’AFP.
Il a par ailleurs assuré que le premier communiqué de l’entreprise publié sur un réseau social chinois ne représentait pas « la position officielle de l’entreprise ».
Le Comité olympique australien a également cherché à défendre son choix.
« On nous a assuré que le coton servant à habiller l’équipe olympique australienne ne venait pas de cette région », a déclaré le vice-président du Comité Ian Chesterman.
« Je crois que les athlètes doivent en ce moment se concentrer sur ce qu’est leur travail, à savoir concourir pour l’Australie », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
AFP