Les rumeurs de rachat de Bouygues par Orange se font de plus en plus insistantes. L’État français pourrait par ailleurs appuyer cette fusion auprès des Autorités de la concurrence.
Plusieurs informations de presse, jamais franchement démenties par les intéressés, font état de négociations entre Orange et Bouygues en vue d’un rapprochement entre les deux opérateurs. Orange absorberait son concurrent, en limitant les conséquences sociales, tout en se délestant de ce qui pourrait contrarier les Autorités de la concurrence, mais accueillerait l’actionnaire Bouygues, à hauteur de 10% du capital, selon ces informations.
Pour Martin Bouygues, une telle solution offrirait l’avantage de protéger ses employés tout en gardant un pied dans les télécoms. Le groupe « n’est pas assez solide pour continuer tout seul mais ne veut aller ni avec Xavier Niel (patron de Free, NDLR) ni avec Patrick Drahi (propriétaire de Altice -Numericable SFR-, NDLR), et est donc plutôt favorable aux négociations en cours avec Orange », croit savoir un cadre dirigeant d’Orange. En cas de rapprochement avec Free ou Altice, les observateurs se montrent en effet plus inquiets des réductions de personnel tirées des synergies.
Obstacles européens
Consultant spécialiste des télécoms, Stéphane Dubreuil estime que le gouvernement est favorable à un accord Orange/Bouygues et même qu’il « tente de tordre le bras de l’Autorité de la concurrence mais c’est loin d’être gagné. Il devra ensuite sûrement monter à Bruxelles et les compensations demandées risquent d’être énormes ».
Une telle fusion est donc encore loin d’être acquise, tant les obstacles restent nombreux au niveau européen. « Cela ne s’est jamais produit en Europe pour l’instant, de voir le numéro un sur un marché national racheter le numéro trois. C’est le choix le plus complexe mais le plus acceptable d’un point de vue social, ce qui dénote bien une volonté politique », relève Stéphane Dubreuil.
Pour Orange, si l’intérêt d’une telle opération n’est pas forcément industriel, elle présenterait au moins l’avantage de réduire un peu la pression sur les prix alors que le marché français est l’un des plus concurrentiels d’Europe. Interrogé, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, qui n’a ni confirmé ni infirmé de telles discussions, a rappelé que son groupe « pense depuis un moment qu’il y a une certaine logique dans une consolidation en France, notamment du fait des importants investissements prévus, tant dans le fixe que le mobile ».