L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), «très satisfaite» de la remontée des cours du brut, devrait maintenir en l’état sa production ce jeudi à Vienne, même si plusieurs producteurs, dont l’Iran, réfléchissent au retour d’un quota par pays.
«Tout le monde est très satisfait» de l’état du marché qui «est en train de se rééquilibrer à l’heure où nous parlons», a assuré jeudi peu avant l’ouverture de la réunion le nouveau ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh, qui s’exprimait pour la première fois à Vienne. «La demande est extrêmement bien portante et robuste. L’offre non-Opep décline. Les prix vont répondre au rééquilibre du marché», a détaillé M. al-Faleh.
Au fil de leurs arrivées dans la capitale autrichienne, les ministres des pays membres de l’Opep se sont en effet montrés globalement assez optimistes sur le fait que les prix du pétrole allaient continuer à se reprendre dans la seconde partie de l’année, laissant penser que le cartel devrait plus que jamais opter pour le statu quo. A l’image de la plupart de ses homologues, le ministre iranien du Pétrole s’est félicité mercredi soir que le marché joue parfaitement son rôle de rééquilibrage, alors que les cours, tombés en janvier et février à 26-27 dollars le baril, ont progressé de quelque 80% depuis.
«Si l’Opep prend une décision, cela accélérera [ce processus], mais il semble que l’Opep n’ait rien fait jusqu’ici», a fait valoir Bijan Namdar Zanganeh. «Les règles du marché, qui sont la demande et l’offre, fonctionnent et je pense que c’est l’essence de cette politique» de l’Opep, a abondé le ministre émirati de l’Énergie Suhail al-Mazroui, jugeant que le marché s’était «corrigé à la hausse depuis le début de l’année» et se dirigeait vers un «prix juste» à la fois pour les consommateurs et pour les producteurs.
Avec un baril qui avoisine désormais les 50 dollars, la probabilité que l’Opep infléchisse sa position par rapport à sa réunion de décembre est donc jugée hautement improbable par la plupart des observateurs. D’autant que le ministre vénézuélien du Pétrole Eulogio Del Pino a estimé qu’un gel de la production était «de facto» en place depuis trois à quatre mois grâce aux interruptions non programmées de production dans plusieurs pays.
Quotas par pays
De son côté, le ministre iranien du Pétrole a déclaré que l’instauration d’un plafond de production ne serait «d’aucun bénéfice» pour Téhéran ni pour les autres membres du cartel, précisant qu’il était davantage favorable au rétablissement de l’ancien système des quotas par pays. Une option également jugée «très valide» par M. Del Pino qui a proposé jeudi un système «qui consiste à attribuer à chaque pays une fourchette de production, dans les limites d’un maximum et d’un minimum».
«La proposition est peut-être trop innovante pour être acceptée aujourd’hui», mais elle pourrait constituer une option «alternative aux quotas, aux plafonds et autres choses», a-t-il souligné. Cette option a également les faveurs du ministre algérien de l’Energie Salah Khebri qui a dit jeudi souhaiter «une Opep forte avec un plafond et des quotas», ajoutant que le but était de «réaménager la production et de contribuer à la stabilité du marché».
La rivalité opposant l’Iran, de retour sur le marché pétrolier à la faveur de la levée des sanctions occidentales, à l’Arabie saoudite, poids lourd du cartel, a déjà largement contribué à l’impasse des négociations menées depuis le début de l’année sur un éventuel gel de la production, Ryad ayant toujours indiqué qu’il n’y consentirait pas unilatéralement. Or, fidèle à son objectif de regagner aussi vite que possible le terrain perdu depuis 2012, M. Zanganeh a annoncé mercredi que l’Iran produisait actuellement plus de 3,8 millions de barils par jour (mb/j) de pétrole, et atteindrait très prochainement la cible des 4 mb/j.
Le cartel dans son ensemble, formé de 13 pays qui produisent environ un tiers du brut mondial, a pompé quelque 32,3 mb/j au premier trimestre 2016, tandis que la production saoudienne a atteint à elle seule 10,13 mb/j de janvier à avril (+3,5% sur un an). Les ministres devraient également discuter ce jeudi de la désignation d’un successeur à l’actuel secrétaire général de l’Opep, Abdallah el-Badri, un poste pour lequel trois candidats seraient en lice: le vénézuélien Ali Rodriguez Araque, le nigérian Mohammed Barkindo et l’indonésien Mahendra Siregar.
Le Quotidien/AFP